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DÉCLIN DE L'ART TRAGIQUE 371

place importante dans la tragédie et qu'il y réussissait par un tour d'esprit ingénieux *. Mais en cela il ressemblait aux autres poètes du même temps. Ce qui lui était plus personnel et ce qu'il transmit à ses fils, c'était, semble-t-il, le goût de la mise en scène. Les poètes comiques les ont tournés en ridicule, Xénoclès en particulier, comme (( inventeurs de machines 2. » On nous dit à ce sujet qu'il faisait voir dans ses drames des choses prodigieuses (TepaTgia;). Aristophane s'est moqué aussi de leurs danses ^ Tout cela laisse supposer une tendance à ra- jeunir la tragédie par l'appareil extérieur, et il est cu- rieux de noter qu'ici encore cette innovation apparente était un retour en arrière, vers l'art d'Eschyle aban- donné par Sophocle.

IV

Ces tentatives de rajeunissement n'eurent qu'un mé- diocre succès. Vers le milieu du iv* siècle, au temps do Philippe et de Démosthène, la tragédie, bien que cul- tivée encore par de nombreux poètes, est vraiment un genre vieilli. Il est vrai que les grandes œuvres du siè- cle précédent, interprétées par de remarquables acteurs, ont plus de succès que jamais : on les joue sur tous les théâtres, dans toutes les villes du monde grec ; mais à côté de ces œuvres supérieures et classiques, celles du jour ne font qu'apparaître un instant.

Cela provient surtout de ce que la matière tragique

1. Aristote, Uhéto7\, II, 23 et III, 16. Il avait même le goût des énigmes. De là, l'obscurilé de quelques passages de ses tragédies et le proverbe Kapxtvoy irotYjfAaTa, cité par Pliotius, Lexique^ à ces mots.

2. Aristophane, Paix, 792, Mri'/avo8c?a;. A propos de ce mot, le scoliaste dit : EsvoxXf,? yàp o Kapxtvou Soxeï [XYjxavàç xal Tepaxetaç elcTocYsiv èv toÎç SpajAacTt. IlXàtcov Soçtaraïç * « EevoxXrjç à 6a)6exa[jLTqx*^0Ç ô KapxtvoTj TTatç toO 0a>.aTTtoy. »

3. Aristophane, Paix, 778.

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