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37G CHAPITRE VIII. — TRAGIQUESDE SECOND RANG

fois vainqueur. En outre, dans le concours ouvert par la reine Artéiniso pour lionorer la mémoire de son époux Mausole, il présenta à la fois une tragédie qui portait lo nom du prince défunt et un éloge oratoire ; la tragédie, selon lo témoignage d'IIygin, était encore supérieure à réloge K Quelques jugements d'Aristote semblent indi- quer que le sens dramatique était loin de manquer à Théodecte. Son Lyncéc^ son Tydée offraient des exemples remarquables de péripéties -. Peut-être même trouvait- on encore cbez lui certaines peintures de sentiments qui n'étaient pas sans valeur. Dans son Philoctète, il avait représenté le héros luttant contre la douleur, longtemps muet, et tout à coup, malgré lui, à bout de force morale, éclatant en plaintes \ Mais son principal mérite prove- nait do son talent d'orateur. Théodecte excellait dans la dialectique. Aristote emprunte à ses tragédies plusieurs exemples de distinctions ingénieuses, qui révèlent un esprit subtil et adroit, expert dans toutes les roueries du métier ^. Dans un fragment où il justifie la providence divine du reproche de lenteur, nous reconnaissons en lui un philosophe socratique digne de ses maîtres :

« Dans le cas où quelqu'un des hommes ferait un reproche aux dieux de ce que la peine, au lieu d'atteindre sur-le-champ les coupables, se fait attendre, qu'il en apprenne la raison. Si le châtiment était immédiat, beaucoup d'hommes honoreraient les dieux par crainte, non par piété. Au contraire, le châti- ment étant éloigné, les mortels suivent leur nature. Quand ils se sont révélés méchants et qu'ils ont été convaincus par les faits, ils sont punis dans la suite du temps s. »

1. Aulu-Gelle, X, 18.

2. Ariatote, Poéiiquey c. 16 et 18.

3. Aristote, Éthique à Sicomaque, VII, 8. Cf. schol. Anecd. Paris,, t. I, p. 243.

4. Aristote, Rhétorique, II, 23, 24. Dans son Alcméon» le parricide, après le crime, disait : « Ma mère devait mourir, mais, moi, je ne devais pas la tuer, w (Fragm. 2 Nauck).

5. Fragm. 8 Nauck.

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