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GHÉRÉMON 377

Quelques-unes de ses pensées rappellent celles d'Eu- ripide, mais en général son style semble avoir eu moins d'élégante précision et un tour plus oratoire K

Nous ne savons rien de la biographie de Chérémon ^, Aristote le nomme parmi les poètes dont les œuvres sont plutôt faites pour être lues que pour être repré- sentées ^ Gela ne veut pas dire sans doute que Chéré- mon ne prit pas part aux concours tragiques ; tout ce que nous apprend Aristote, c'est qu'il était plus apprécié des lecteurs que des spectateurs. A cet égard, on peut le considérer comme le représentant d'une tendance assez générale en ce temps. Et, pour expliquer son jugement, Aristote dit qu'il était « scrupuleusement précis dans son style, comme un prosateur » (axpiêï)? wiTrep Xoyoypdccpoç). C'est bien ainsi que les fragments nous le montrent. Dans ces quelques vers, tout est plein de jolis détails finement travaillés : on n'y sont nulle part la force dramatique ni l'abondance de l'inspiration. Ses sentences sont recherchées, ses descriptions maniérées et molles ; c'est le langage d'une précieuse, qui est bien près quelquefois de devenir ridicule. On a beaucoup trop vanté le fragment de son OEneuSy où il dépeint les bac- chantes endormies qui s'offrent demi-nues aux regards d'un spectateur indiscret :

« L'une, couchée, montrait à la clarté de la lune un sein blanc qui sortait d'une tunique détachée. Une autre, en dan- sant, avait dénoué son vêtement le long de son flanc gauche : et, nue, elle révélait aux regards de Téther une vivante pein-

��1. Fragm. § et 10 Nauck. — Je ne parle pas de son goût pour les énigmes, parce que le fragment 4, emprunté à son Œdipe, pouvait être d'un caractère exceptionnel, et que le témoignage d'Athénée (X, p. 431 E) ne me paraît pas se rapporter à une tragédie.

2. Suidas, Xacpr,[jL<i)v.

3. Aristote, Rhétorique^ III, 12 : O't àvaYV(«)(rTtxol, oUv Xatpri|jL<i)v,

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