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418 CHAPITRE X. — ORIGINES DE LA COMÉDIE

tandis que le dithyrambe, qui est un épisode toujours identique du culte dionysiaque, présente par là même un caractère à peu près défini, les éléments de la comédie, parce qu'ils sont multiples et changeants, se prêtent bien moins à être nettement déterminés. Il faut les énumérer par à pou près, sans prétendre à être ni absolument exact dans le détail, ni très complet dans l'ensemble.

Il y a d'abord les chants et les processions phalliques (toc cpaXXixdc), qu'Aristote désigne expressément comme Torigine de la comédie *. On traverse le village, on par- court les champs en pompe joyeuse, soit par famille, comme Dicéopolis dans les Acharniens 2, le maître mar- chant avec ses serviteurs, soit par dème, tous à la fois, en longue file et en chantant. La procession de Dicéopolis n'est qu'un raccourci de procession ; elle ne peut nous donner qu'une idée approximative du genre. Trois per- sonnes en tout ; la jeune fille marche la première, portant sur sa tête une corbeille, où sont contenus les objets du culte ; Tesclave Xanthias vient ensuite, tenant haut et ferme derrière la jeune canéphore l'emblème dionysia- que, le phallos ; enfin le maître lui-même s'avance le dernier, chantant à tue-tête une sorte de chanson folle, qu'il improvise, en Thonneur de Phalès, compagnon de Bacchus. Pondant ce temps, sa femme regarde du haut du toit le cortège, à la fois religieux et grotesque, qui sans doute est censé faire le tour du domaine. Sans l'af- firmation d'Aristote, il serait difficile de découvrir là quoi que ce soit qui ressemble à la comédie. Mais, comme son témoignage ne permet pas d'hésiter, il faut restituer en imagination bien des choses nécessaires. A Tunique esclave Xanthias substituons par la pensée toute une troupe de serviteurs rustiques, au bon Dicéopolis un

1. Aristote, Poétique, c. 4: Ka\ y; pièv (la tragédie) àicb tôv ë^apx^vruv Tov SiOypapiêov, y; 8à (la comédie) àub tôv xà çaXXixà.

2. Aristophane, Acharniens, 237 et suiv.

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