Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/447

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ÊPIGHARME 435

réforme dramatique d'Épîcharme lui fut principalement suggérée par quelque chose d'étranger au genre comique lui-même ; et ce quelque chose ne peut être que la tra- gédie avec le drame satyrique. Il est très remarquable en effet que beaucoup de ces titres de comédies mytho- logiques se trouvent être aussi des titres de tragédies ou de drames satyriques. On peut dès lors soupçonner avec une grande vraisemblance ce qui dut se passer. Ce furent les pièces athéniennes, qui, de loin ou de près, servirent de modèles à Épicharme, et ses premières comédies furent sans doute des drames satyriques sans satyres, avec un mélange de réalisme populaire qu'on ignorait encore à Athènes. Les légendes des dieux et des héros lui offraient des actions dramatiques presque toutes faites ; ce fut en les mettant à la scène qu'il apprit son métier et qu'il fit approuver au public ses innovations *. Celles-ci s'appliquèrent ensuite tout naturellement aux sujets que suggérait la vie réelle.

Malheureusement nous n'avons ni une pièce entière d'Epicharme, ni même une analyse d'une de ses comédies, qui nous permette de dire au juste de quelles parties elles se composaient ni comment ces parties étaient liées en- tre elles. Deux ou trois fragments nous laissent soup- çonner seulement que ses pièces, ou du moins quelques- unes d'entre elles, étaient précédées de prologues. Par- fois le poète y mettait en scène un des personnages de la comédie, à peu près comme Euripide devait le faire plus tard dans la tragédie. A cotte manière se rapporte un curieux fragment de son Ulysse transfuge^ récemment retrouvé. Ulysse, semble-t-il, sortait du camp pour aller

1. Quel était le public d'Epicharme? aucun témoignage ne nous l'apprend; mais il est en somme évident que des œuvres de ce mérite ne s'adressaient pas à des gens grossiers. A Syracuse, comme à Athè- nes, le peuple remplissait sans doute la plus grande partie du théâtre, mais c'était la classe moyenne, peut-être même l'élite de la société, qui donnait le ton à cette multitude, d'ailleurs très intelligente.

�� �