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34 CHAPITRE II. — ORIGINES DE LA TRAGÉDIE

perfectionné, de Tautre un narrateur, qui deviendra bien- tôt Facteur tragique proprement dit ^

Les progrès de la tragédie naissante sont extrêmement obscurs pour nous. Pour les exposer de manière à être compris, il faut d'abord laisser de côté les petits faits personnels, relatifs aux poètes, et suivre seulement du regard révolution probable du genre. Aristote Ta résu - mée en disant qu'on perfectionna tour à tour chacun des éléments dramatiques, à mesure qu'ils se révélaient^. Cela donne l'idée d'une croissance assez lente, à laquelle collaborèrent les poètes et le public. Telle ou telle inno- vation fut sans doute essayée en plusieurs endroits à la fois. Elle plut et s'imposa. Les maîtres de ce temps furent des esprits clairvoyants qui découvrirent les principes essentiels de leur art en expérimentant sans cesse quel- ' que nouveauté.

Cette longue série de progrès peut se résumer en trois faits principaux : élimination de l'élément satyrique, transformation du narrateur primitif en acteur, consti- tution d'une action régulière.

Les satyres étaient à leur place dans les chants bachi- ques proprement dits, c'est-à-dire dans ceux qui avaient pour objet les légendes de Bacchus. Au contraire, ils n'avaient vraiment rien à faire dans la plupart des lé-

d. En un certain sens, la tragédie de ce temps est uniquement dans les chants du chœur. Gela seul est tragique au sens propre du mot. Le narrateur se tient en dehors du drame et ne fait que le préparer : il remplit à peu près la fonction du « récitant » dans les théâtres d'ombres chinoises. Voilà pourquoi Diogène Laerce (ÏII, 56) n'avait pas tort d'affirmer qu'avant Thespis le chœur constituait le drame à lui tout seul (|jl6voç 6 -/opoî SieôpaiiàtiÇev). Et Athénée est assez exact aussi, bien que peu précis, quand il dit (XIV, 630 c) : Svvéo-Tyjxe hï xa\ aaxupixyi Ttôtca 7co:r)at; to 7ra>aibv éx ^opcov, <5)Ç xal i^ tôte TpaytoSta" Siôirsp oùSè uTroxpitàç ei^ev.

2. Poétique, c. 4 : Kaxoc jjtixpbv vjùÇyjOri, TcpoayôvTtov ôffov éYivETo çave- pbv aÙTî^ç* xal TtoXXàç (xeTaêoXàç (xeTaêaXoOca if) TpaYyôta é7ca\5(raTO, èiteY

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