Et
��SON ESPRIT 459
��^trois objets principaux: les mœurs publiques, la politi-
' que, les lettres et les arts.
'" En fait de mœurs, elle ne peut peindre, avec sa ma- nière hyperbolique et fantaisiste, que les choses les plus
■"générales. Tout ce qui est délicat, intime, tout ce qui n'éclate pas au dehors lui est à peu près interdit. En re-
~_ vanche, les innovations plus ou moins bruyantes, les doc-
"trines qui font scandale, les manières de vivre qui rom- pent avec les vieux usages, voilà son domaine. Elle est forcément pour la tradition, car la tradition, tant qu'elle
"est acceptée par Topinion publique, no prête pas au ridicule : elle est contraire aux nouveautés, car les nou- veautés sont Téternelle matière de moqueries offerte à cette défiance nécessaire de la raison moyenne qui s'ap-
. pelle le bon sens public. Dans cet ordre d'idées, le rôle que s'attribue la comédie à Athènes, c'est de faire appel .à ce bon sens et de lui montrer à grands traits, par des images frappantes et bouffonnes, l'extravagance, réelle ou apparente, des nouveautés, en même temps que leurs conséquences futures. Par là même, elle est condamnée à défigurer tout ce qu'elle touche; si elle était juste ou mo- dérée, elle cesserait d'être comique. Ce parti pris fait sa force, mais c'est aussi son défaut. Au fond, il y aura toujours une certaine vulgarité dans ses critiques, car elle s'adresse à des esprits vulgaires : il faut qu'elle frappe fort et qu'elle grossisse tout, c^est la condition même de son succès. Elle pourra faire preuve de finesse dans maint détail, mais elle doit s'en garder dans ses intentions gé- nérales et dans l'ensemble de ses effets.
En politique, son attitude est analogue. Elle a besoin de faire appel à des sentiments très répandus et très prompts qui répondent immédiatement à la moindre excita- tion ; et il faut qu'elle s'en prenne à des choses dont tout le monde soit disposé à se moquer. Voilà pourquoi elle est résolument de l'opposition. Chez un peuple vif, spiri-
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