460 CHAPITRE XI. — COMÉDIE ANCIENNE j
tuel et impressionnable, ropposilion est une seconde nature. Tous les mécontentements, privés ou publics, jusles ou injustes, toutes les déceptions, toutes les jalousies même l'entretiennent et Texcitent. Et cela est particulièrement vrai des démocraties. Observez ce que Platon aurait appelé l'âme démocratique; vous y décou- vrirez un fond inépuisable de soupçons, d'humeur déni- grante et moqueuse, qu'une main habile n'a guère de peine à mettre en mouvement. La comédie le sent, et c'est de cela qu'elle fait son office ^ Non qu'il soit juste de raccuser de mauvaise foi systématique ou de mauvais desseins; elle suit sa nature, elle obéit à la force des choses, voilà tout Et, en agissant ainsi, elle fait du bien et du mal sans le savoir: du mal, en grossissant des griefs vains, en mul- tipliant les calomnies, en remuant de méchantes passions; du bien, en montrant le danger, en signalant la tendance
1 . M. Couat , dans son remarquable ouvrage sur Anstophane et la comé- die altifjue, a récemment cherché à expliquer cette attitude de la comé- die par des considérations dilîérentes, sans méconnaître d'ailleurs ce que vautccUe-hi. Il fait ressortir ingénieusement rinfluence secret* de l'aristocratie, il montre l'archontat entre ses mains, les poètes dans sa clientèle, l'opinion publique sous sa direction, en matière littéraire tout au moins. Je no sais si tout cela est bien sûr. Mais je remarque que les poètes comiques ont attaqué l'aristocratie là oii elle prêtait à rire ; ils se sont moqués des socratiques qui étaient des aristocrates, de la jeunesse dorée et de ses débauches ; ils avaient donc leur franc parler à son égard. Mais en somme ils ne pouvaient pas lai reprocher d'accaparer les places à son profit, ni de flatterie peuple pour s'enrichir; la ôwpoSoxia n'était point son fait ; or c'est là toujours le grand reproche qui a prise sur les foules, qui les pas- sionne et qui les fait rire, celui qu'Aristophane utilise contre Cléon et que les orateurs se jetaient mutuellement à la tête. En outre, comme M. (U)uat l'a fort bien remarqué lui-même (p. 56) d'après l'auteur ds Traité de la vépuhrujiie athénienne, la démocratie n'aime pas les supério- rités; elle devient vite jalouse de ceux qu'elle a élevés, et 11 ne lui déplaît pas ([u'on fustige ses chefs de temps à autre pour les rame- nor à l'humilité. Répuhl. alhén., 18 : 'OXi-^oi tk xiveç tûv «evr,T«v »« TO)v cr,u.oTt/.o)v xwjx'oooOvTai, xa\ oùS' o-jxot èàv jitj 6tà ico).\JicpaY(U>(rJvr|if xa\ ô'.à TQ '^r^'i'vi ttXéov ti £/£iv xoO 6r,|xo'J* ôiçte oyÔà to'jç toioutovc fix^*" Tai x(i)ULfi)ôo'j(X£Vov;.
�� �