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PRÉDÉCESSEURS D'ARISTOPHANE 473

phane, un régal léger pour le public ordinaire de Gra- tines, mais un régal qui devait plaire aux délicats.

Au nom de Cratès il faut joindre celui de son imita- teur Phérécratès, qui est déjà presque un contemporain d*Aristophane. Sa première victoire semble dater de 438 ^ La plus célèbre de ses pièces, les Sauvages ("Aypioi), fut jouée en 420 ^. « Rivalisant avec Cratès, dit un critique ancien, il s'abstint des injures et se fit un succès en ima- ginant des sujets nouveaux et en inventant des fictions ^ » Ce genre, parallèle au premier, gagnait donc du terrain. Phérécratès, en le cultivant, mérita d'être appelé un poète « vraiment attique » aTTucoTocTo; *. Quelques-uns des fragments assez nombreux de ses pièces nous don- nent en effet l'idée d'un écrivain spirituel et inventif. Sa comédie des Sauvages était à la fois très plaisante et très philosophique. On y voyait un chœur de misanthropes, dégoûtés de la société et de ses institutions, qui s'en al- laient vivre parmi de vrais sauvages ; mais la sauva- gerie, qui les charmait de loin, leur semblait bientôt, à l'épreuve, odieuse et intolérable^. Une telle comédie était certainement une satire : c'était la satire des rêveurs qui décrient l'association humaine et qui prônent un état de nature purement imaginaire. D'autres inventions ingé- nieuses se laissent à demi apercevoir dans les fragments ou sous les titres expressifs de ses Transfuges (Auroj^oloi), de ses Vieilles (Fpasç), de son Précepteur d'esclaves

1. Didot, Schol, gr. inAristoph,^ Proleg. III : ^epexparyj; à *A67ivaîo; vtxà ItzX ©EoScâpou (au lieu de ôearpou, correctioQ de Dobrée, admise parDindorfet Meineke, Histor. cnt. p. 530).

2. Athénée, V, 218 D.

3. Didot, Schol. gr. in i4m^, Proleg. III: 'E^riXtoxe KpaTYiTa xal ««j ToO (JLSV XotÔopeïv àicéo-TTi, Tcpà^jJ-axa Ôè et<Tr)You(JL6voç xaivà Y)ùôoxi{j.ei, yevé- (jLEvo; eupsTixb; \l\,Q(ùv.

4. Phrynichos le sophiste, dans Et. de Byzance, p. 43.

5. Platon, Protagorasj p. 327 D. On voit par ce passage que ces sauvages formaient le chœur (ol iv èxecvo) tô x^P^ {AiffâvôptoTiot).

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