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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/49

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TRANSFORMATION DU DITHYRAMRE 37

était la tragédie vivante, et par lui la légende héroïque devenait une réalité qu'on avait désormais sous les yeux. Secondaire au début, son rôle contenait en lui-même tout l'avenir du drame.

Un troisième et dernier progrès est à noter : la consti- tution d'une action régulière. A vrai dire, ce n'est pas là un fait qui ait besoin d'être expliqué. Il résulta natu- rellement du succès même de la tragédie, qui l'obligeait à se perfectionner sans cesse. Le premier pas dans cette voie fut l'abandon de l'ancienne improvisation. De même que le rôle du chœur, celui de l'acteur dut être entière- ment arrêté d'avance. Et dès lors on sentit que les diver- ses scènes gagnaient à être bien liées les unes aux au- tres et qu'une progression d'intérêt y était fort utile. Toutefois, ce fut là surtout que la difficulté naturelle de l'art se fit sentir. Bien composer une pièce, comme l'a remarqué Aristote, est justement ce qu'il y a de plus diffi- cile et ce qu'on apprend en dernier lieu *. On peut donc admettre que, malgré la bonne volonté des poètes et leurs efforts, ces tragédies primitives étaient en général assez mal composées. Comme les chants du chœur y étaient presque tout, l'action restait fort élémentaire. On ignorait l'art de varier une situation, de créer des péripé- ties, de montrer les aspects divers d'une même nature morale. C'est sans doute aux essais confus des poètes de ce temps qu'il faut rapporter l'origine première de la structure tétralogique ^ Si elle n'était pas née spontané- ment, ce serait, à coup sûr, la plus étrange des conven- tions. Au contraire, en tenant compte à la fois des té-

1. Aristote, Poétique^ c. 5 : 01 èy^sipouvre; Tcoieîv TcpÔTspov SuvavTai t^ XéÇet xai toÏç i^ôeo-tv âxpi6oOv r\ toc TTpayfiaTa o-wto-rao-ôai, oîov xal olTCptoxoi izoiy\xa\ o^eôbv aTravxeç.

2. Voir sur ce sujet Heimsoeth, De tragœdiœ graecae trilogiis corn- mentatio, Bonn, 1869, et mon étude sur Les Origines de la tétralogie grecque (Revue des Etudes grecques, t. I, n» 4.) Cf. Weil, Journal des Savants^ janvier 1890,

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