38 CHAPITRE II. — ORIGINES DE LA TRAGÉDIE
moignages et des vraisemblances, rien ne s'explique plus aisément. L'ancien dithyrambe était relativement court; les premières tragédies lui ressemblèrent en cela. Ou se contentait de fables peu étendues. A mesure que le genre nouveau prit plus d'importance, on fut conduit à chercher des sujets plus amples^ à multiplier les épisodes, en un mot, à construire des pièces dont la représentation eût une longue durée. C'est ce qu'Aristote atteste expressé- ment ^ On eut ainsi de vastes tragédies lyriques, assez mal liées, dont les diverses parties, bien que cohérentes, pouvaient aisément se séparer *. Dans ces conditions, le rôle du chœur devenait singulièrement fatigant. Il suffit, pour que la séparation des parties s'accusât de plus en plus, qu'on eût l'idée de partager les choreutes en autant de sections qu'il y avait d'épisodes principaux. De même que l'acteur jouait successivement plusieurs rôles, le chœur, lui aussi, pouvait bien représenter tour à tour, dans ces longues pièces, divers groupes: par exemple les compagnons de Laïos, puis ceux d'ÛEdîpe, puis ceux d'E- téocle ou de Polynice. Une représentation tragique ainsi organisée se composait en fait de plusieurs groupes dra- matiques successifs, qu'on pouvait appeler à volonté épi- sodes on tragédies^ selon qu'ils étaient plus ou moins dis- tincts les uns des autres. L'un do ces groupes, le premier ou le dernier, probablement le dernier, conservait, comme nous l'avons vu, l'ancien caractère satyrîque. Pour passer
1. Poétique, c. 4 : "Eti 8e to (xéysOo; èx îJiixpôv {luôtov xa\ Xé^w; -^eXotaç, t\k TO èx aaTUpixoO (letaêaXEÏv, ô^/à à7re(7£{jLvuv0ri. La fable a gagné en étendue en même temps qu'elle s*est débarrassée de l'élément saty- rîque. Sur le nombre des épisodes, même passage : "En 8à èffEio-oStcûv TcXTQÔr) xa\ ta àXXa àç Exacta xoa|JLTi6r)vai XÉyETai.
2. Aristote (Poét. c. 5) parle de ces anciennes tragédies « à la durée indéterminée » à6pio"roi tô X9^^^* Q^^ ressemblaient par là à des épopées. La durée dont il s'agit là n'est pas celle de la représentation, mais celle de l'action fictive. Il en résulte que ces tragédies embras- saient de longues séries d'événements, comme les épopées, comme la Thébaïde par exemple.
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