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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/490

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478 CHAPITRE XI. — COMÉDIE ANCIENNE

gncrcn général à la nature de la tragédie, est évidemment bien moins contraire à celle de la comédie. Là, une certaine apparence Je désordre, pourvu qu'elle fût en réalité as- sujettie à un ordre caché, n'était pas faite pour déplaire. Le chœur comique ne pouvait oublier ses origines ; c'é- tait souvent une foule animée, bruyante, discordante même, du milieu de laquelle les saillies individuelles éclataient spontanément. Parfois, cette division intime s'accusait fortement par la constitution de deux chœurs, plus ou moins opposés Tun à l'autre. Dans .les Oiseaux d'Aristophane, figuraient simultanément deux groupes d'oiseaux, l'un de douze mâles, Tautre de douze femelles*; dans Lysistrate^ les vieillards, d'un côté, les vieilles fem- mes, de l'autre, formaient deux troupes ennemies qui échangeaient des moqueries, des injures et des menaces. Dans chacune de ces troupes, même pétulance et même spontanéité. Les provocations individuelles se mêlaient aux défis collectifs. Dans Lysistrate, d'anciennes indica- tions attestent que plusieurs femmes se détachaient du gro upe successivement et chantaient seules quelques vers^. La comédie avait besoin d'animation, de mouvements im- prévus, de pétulance même. Elle se plaisait à tous les écarts brusques de la fantaisie. Il fallait bien qu'elle eût assez de liberté dans la forme pour que son humeur vive pût se mettre à l'aise.

Ce qui est vrai des chants du chœur Test aussi de ses évolutions ^ L'entrée, ordinairement lente et solennelle dans la tragédie, était souvent turbulente et désordonnée dans la comédie. Les Acharniens d'Aristophane se pré- cipitaient en fureur dans l'orchestra, poursuivant le traî- tre Dicéopolis; ses oiseaux, à peine entrés, se disper- saient en criant et en sautillant, comme un vol de vrais

1. Oiseaux, 297-304 et Schol. Chevaliers, 586.

2. Lysish'ale,^0(j, 706.

3. A. Millier, owv. cité, p. 220 et suiv. Christ, Metrik^ p. 695.

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