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TRANSFORMATION DU DITHYRAMBE 39

de là à la tétralogie liée, c'est-à-dire à celle qui se compose de quatre pièces (dont un drame satyrique) relatives à un même sujet général, il n'y avait évidemment qu'un pas. Il fallait simplement fixer à trois le nombre des épisodes tragiques et déterminer une fois pour toutes la place de l'épisode satyrique. L'usage, ici comme partout, dut pré- céder et préparer peu à peu la prescription légale, qui de- vint la règle des concours publics.

Nous n'avons rien dit encore du dialogue. C'est qu'il ne nous paraît pas avoir toute l'importance qu'on lui at- tribue communément. La tragédie aurait pu se passer toujours du dialogue. A la rigueur, un seul personnage et un chœur, des monologues et des chants, suffisaient à la constituer. Pourtant il n'est guère douteux qu'une fois le narrateur transformé en acteur, le dialogue propre- ment dit n'ait pris naissance. Il put avoir même plusieurs formes. Tantôt purement lyrique,il consistait en un chant alterné, dans lequel l'acteur et le chœur se répondaient. C^était le plus souvent un échange de plaintes, de ques- tions pathétiques, de gémissements et de cris de douleur. De là le )co[x|x6<; de la tragédie classique. Tantôt le chœur seul chantait à proprement parler, l'acteur usant d'une sorte de mélopée, plus ou moins voisine de la simple déclamation. Tantôt enfin, le coryphée se faisait l'inter- prète du chœur, et alors un véritable dialogue s'enga- geait entre lui et l'acteur. Toutes ces manières de faire étaient simples, naturelles : il est probable qu'elles ont dû être employées de bonne heure et simultanément.

Aristote nous apprend que le mètre de la tragédie pri- mitive fut le tétramètre trochaïque^ Cela ne peut s'appli- quer évidemment qu'au dialogue. 11 ajoute : « Quand-on » se mit à parler (au lieu de chanter), la nature même » des choses fit trouver le mètre convenable ; de tous les

1. Poétique, c. 4 : Tb {làv TtpôiTov TSTpajAsipo) i^p^'^'^o oià tb aarupixriv xai ôp;(irio-Tixa)'uépav eîvai xy\y TrotYjo'iv.

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