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504 CHAPITRE XI. — COMÉDIE ANCIENNE

inquiète. La difficulté toujours croissante de sortir de Tornière a été peut-être une des causes sourdes, mais ac- tives, qui ont amené la transformation de la comédie au IV® siècle.

Il est vrai que, si l'invention du fait principal était difficile, celle des détails devait être plus aisée. On ne demandait pas au poète d'observer les vraisemblances. Pourvu qu'il fît rire, tout lui était permis. C'était par là que les génies heureusement doués se tiraient d'affaire. Une bonne comédie, quelque simple qu'en fût le plan gé- néral, devait être riche en incidents plaisants. Ni Tunité de lieu, ni Tunité de temps n'était conçue de manière à gêner la fantaisie poétique. Sans doute, il n'y avait guère d'entr'actes à proprement parler, qui permissent aux per- sonnages de se transporter, hors de la vue du spectateur, à de grandes distances, ni à l'action de sauter brusque- ment par dessus une longue période de temps; mais en vérité cela était bien inutile; car le poète pouvait, sur son théâtre et grâce à la complaisance de son public, faire monter ses héros au ciel, les mener chez les oiseaux, les conduire aux Enfers, et convoquer les nuées dans l'or- chestra; il pouvait aussi montrer dans une scène Lama- chos en train de s'armer pour le combat et le ramener blessé dans la scène suivante, sans que personne lui cherchât chicane sur la durée des choses. Donc la liberté était grande, mais le public entendait qu'on en profitât pour l'amuser. Il voulait voir les scènes se succéder, ra- pides et variées, comme une fantasmagorie sans cesse nouvelle.

Yoilà pour la fable à proprement parler ; mais cette fable, nous l'avons dit, était en même temps une satire: nous avons vu déjà quels en étaient les objets; essayons maintenant d'en définir la forme.

Cette satire devait être dramatique. Elle était donc tenue de donner aux idées la vie et l'action, c'est-à-dire

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