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42 CHAPITRE IL — ORIGINES DE LA TRAGÉDIE

C'était sans doute du nom d*Epigène et de quelques autres poètes du même genre que les Péloponnésiens s'au- torisaient pour revendiquer l'honneur d'avoir donné nais- sance à la tragédie*. En un certain sens, cet honneur paratt bien leur avoir appartenu en effet. Mais cette tragédie péloponnésienne se distinguait à peine du dithyrambe. Ce fut en Attique qu'elle devint vraiment une chose nou- velle.

Les traditions athéniennes personnifiaient en Thespis l'invention de la tragédie. En fait, les témoignages qui se rapportent à lui nous font entrevoir plutôt toute une série d'essais, tentés peut-être par plusieurs poètes à la fois ; il fut le plus hardi et le plus heureux, il eut l'instinct le plus sûr de ce qui était bon, et ce fut lui qui marqua la voie. L'apogée de sa vie littéraire doit être placé vers l'an 535 avant notre ère, date probable de l'institution des concours tragiques officiels à Athènes 2. Si l'on songe d'ailleurs que l'établissement de ces concours implique tout un développement antérieur du genre nouveau, il paraît naturel d'admettre que Thespis put commencer à se faire connaître vingt-cinq ou trente ans plus tôt, vers

(xerà 'ETTi^éviriv. Nous ne savons pas à quelles listes de fantaisie se réfère ici le lexicographe. Gela importe peu. Il est clair que plusieurs contemporains d'Epigène ont dû faire ce qu'il a fait. On aurait pu constituer ainsi tout un catalogue d'obscurs chorodidascales de Sicyone et des villes voisines. — Zenob. V, 40 : Tf,ç ^àp Tconqo-ewç èx 8i6upà(i6ou TTjv xatap^Yjv eîXiriçiJcaç xal xà izpoç At«Svyaov àvr,xovTa irpa^- |jLaTeuo{i.éviri;, 'ETCtyévT); à Stxxjcivtoç oO^ outto 7coir,(7aç >^xouas toutov tov Xoyov • o'JSkv Tcpbç xbv Aiovxjcov. — Mentionnons, à titre de simple cu- riosité, le fabuleux Thémis, signalé par Malalas {Chronogr. V, 60, p. 142, éd. de Bonn) comme ayant le premier donné des drames après la prise de Troie. Thémis n'est-il pas là pour Thespis? simple distrac tion de l'auteur ou du copiste.

1. Aristote, Poétique^ c. 3.

2. Suidas, 0é(7itic, dit qu'il fit jouer des pièces (è8t8aÇe) dans la soixante-et-unième Olympiade (536-533). Nous prenons 535 comme date moyenne. Cf. Chronique de Paros, ép. 43, et Clinton, Fasti helle- nid, anno 535.

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