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COMÉDIES SUBSISTANTES 537

négocier avec les uns et les autres. De chez les hommes arrivent successivement un prêtre, un poète dithyram- bique, un devin, un géomètre, un contrôleur, un mar- chand de décrets, tous alléchés par l’espoir d’exercer avec profit leur industrie dans la ijouvelle ville; les coups de bâton de Pisétaire les renvoient tous d’où ils viennent. Nouvelle série de visites, un héraut, un parricide, le poète Cinésias, un sycophante ; même accueil. De chez les dieux, on voit venir Iris, puis Prométhée, enfin Poséidon, Héraklès toujours affamé, et une espèce de Triballe stu- pide, chargés de négocier ; grâce à la gourmandise d’Hé- raklcs et à la bêtise du Triballe, Pisétaire a tout l’avan- tage ; Néphélococcygie n’a plus rien à craindre, et Pisé- taire, prenant à Zeus la Royauté pour en faire sa femme, devient le maître du monde. Dans tout cela, ni allusion à l’expédition de Sicile ou à roccupalion de Décélie, ni portrait d’Alcibiade. Quand Aristophane a voulu donner un sens politique à ses fictions, il l’a fait de telle sorte que tout le monde le comprît sans commentaire. Ici, il invente joyeusement et librement, il se joue en pleine fantaisie, faisant de la satire de détail à tout propos, mais sans intention générale.

Dans Lysistrate (411), il y a bien une intention: la guerre étant rallumée, le poète plaide de nouveau pour la paix ; il semble donc qu’il en soit revenu à l’inspira- tion de ses Acharniens ; m^h^ entre les deux pièces, la différence est grande. Dans les Acharniens^ la paix était réclamée au nom des paysans de l’Altique, pour des rai- sons politiques sérieuses et fortes, qui apparaissaient sous le jeu de la fiction : dans Lysistrate^ ce sont les femmes qui la demandent et qui l’imposent par une grève d’un nouveau genre. Mais les femmes ne représentent pas un parti, ni même un intérêt social distinct ; tout au plus auraient-elles pu comme mères, comme épouses, personnifier un sentiment; le poète ne semble pas Tavoir