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552 CHAPITRE XII. — ARISTOPHANE

ments vrais, des mœurs; il en fait, malgré le genre, des hommes semblables à nous, non pas complètement, il est vrai, mais par échappées, plus ou moins,. selon les occasions. Des deux façons il est créateur : mais d'un côlé il Test dans la fantaisie à outrance, selon l'esprit même de la comédie ancienne; do l'autre il l'est dans la réalité vivante, en dépit des habitudes prises et par une impulsion plus forte de son génie K

Il n'y a pas lieu d'insister longuement sur le premier genre de création. La verve bouffonne, les drôleries sa- tiriques abondent partout. Chez tous ses personnages, sans exception^ il y ^ des parties de rôles considérables qui ne sont, à vrai dire, que des prétextes à plaisanteries. Parmi ces plaisanteries, beaucoup sont aujourd'hui froi- des, et, pour dire le mot, ennuyeuses. C'est le sort, tou- jours et partout, de toutes celles qui se rapportent à des circonstances passagères, à des ridicules locaux, à des mé- disances de petite ville; tout cela vieillit vite, et, une fois ^vieilli, devient insupportable. Et pourtant, quand cela était neuf, inattendu, c'était le fait d'une verve étourdis- sante, qui devait sembler prodigieuse. D'autres plaisante- ries nous sont désagréables, parce qu'elles nous parais- sent en désaccord avec l'idée que nous nous faisons du personnage qui les débite. Nous sommes habitués à con- sidérer la comédie comme une représentation de mœurs, nous y voulons de la vérité ; mauvaise condition pour se prêter à la fantaisie. Le public athénien du v® siècle, n'ayant pas nos exigences à cet égard, ne devait éprou- ver à aucun degré cette impression. Ces réserves faites, il est impossible de ne pas admirer la variété et la viva- cité des dialogues où s'échangent tant de folles idées. En outre, ces bouffonneries qui ne tiennent à rien de réel, qui sont indépendantes des mœurs et des caractères,

i. Voir sur ce sujet À. Croiset, De personis aptid Atistophanem, Paris, 1873.

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