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560 CHAPITRE XIT. — ARISTOPHANE

connus. On les voit dans ses pièces tels qu'ils étaient, économes, énergiques, déBants par instinct et pourtant faciles à prendre par Timagination, aimant leur champ, leur maison, leurs oliviers, enclins à voisiner, sobres jus- que dans leurs régals, sensuels par vives échappées de tempérament, en somme une race fine et vigoureuse qu'on a plaisir à connaître. Ce n'est pas un médiocre mérite dramatique que d'en avoir laissé à la postérité une image si nette et si vivante.

��VI

��Que devaient être les parties lyriques de la comédie entre les mains d'un tel poète ? Il avait l'imagination vive et créatrice, la gaieté, la malice, et en outre le sens le plus délicat de la convenance rythmique. Ce sont les qua- lités qui dominent dans son lyrisme. D'une manière générale, il ressemble bien plus à celui d'Euripide qu'à celui de Sophocle. Le développement poétique ne naît guère chez lui d'une méditation sérieuse de l'idée, ni même d'une impression profonde et réfléchie; il a quel- que chose de l'improvisation ; c'est une poésie spontanée et capricieuse, brillante et facile, qui unit la simplicité la plus charmante à l'éclat et à une certaine grandeur; elle est pure, limpide, tantôt courante, tantôt calme et unie elle réfléchit beaucoup de petites choses et aussi de belleî images. L'inspiration profonde fait défaut, mais celle-U seulement; la sincérité et la vivacité des impressions 3 éclatent partout.

La chanson moqueuse et gamine était bien l'affaire d< ce joyeux poète. Elle abonde dans ses comédies. Chante] et se moquer, c'était le fond même du genre, et il n'étai pas nécessaire d'imaginer pour cela des prétextes. Oi s'interrompt en pleine action, au détour d'une scène, e

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