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SA LANGUE 569

Ce lyrisme populaire, dans sa naïveté hésiodique, plaît d'autant plus qu'il a moins de prétention. Et ce n'est pas un simple jeu d'imagination. Sous Tenjouement lé- ger, on ne peut méconnaître ici une sympathie naturelle du poète pour les choses dont il parle. Bien entendu, cela n'est pas très fort ni très profond ; le lyrisme d'Aris- tophane est comme le sol de l'Altique, un peu maigre et superficiel; mais, outre la beauté radieuse du soleil qui l'éclairé, il y a, ça et l?i, sous les oliviers, un petit coin d'ombre et de fraîcheur, où court un filet d'eau vive; rien de plus charmant que de surprendre sa Muse, quand elle vient, furtive, y baigner ses pieds.

VII

La langue d'Aristophane représente pour nous la per- fection même du langage attique sous sa forme familière. Ses contemporains croyaient y sentir l'imitation d'Euri- pide *. Lui-même, tout ennemi qu'il fût en apparence du poète tragique, ne se défendait pas du reproche ou de l'éloge de lui emprunter quelques-unes des qualités de son style ^ Euripide en efi'et était le premier écrivain qui eût donné, avec l'autorité du génie et du succès, l'exem- ple de cette élégante facilité que les vieux Attiques igno- raient. Aristophane ne pouvait nier qu'à cet égard il ne dépendit de lui en quelque mesure, comme de l'initiateur et du maître reconnu. Son vrai modèle toutefois, c'était la conversation des Athéniens d'alors. Il excellait à en reproduire lestons vifs, l'allure légère et alerte, la finesse

1. Cratinos, fr. 307 Kock : EùpmtSapio-ToçaviÇwv. Schol. Platon, i4po- lof]. 19 G : 'Exw{A(j)8£Tto èul to) o-xcotiteiv [jlsv EOptTtcSiriv, jxtpLetdôat ô' aû- Tov. Prolég. Didot, III, ÇrjXûv ôè EùptTttSYiv.

2. Aristoph. fr. 471 Kock :

Xpù)(xat Yûtp aÛToO toO orépiaTOç tô <rTpoYY^^<p» Toù; voO; ô' aYOpaiouç ttittov y) *xeivoç tcoiw.

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