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570 CHAPITRE XII. — ARISTOPHANE

et la variété : et cela avec une élégance simple cpii sem- blait ne lui coûter aucun eflFort. L'ne srrâce naturelle, mais une ?ràce oriirinale et piquante, voilà le mérite propre qu'aucun «le ses contemporains ne parait avoir possédé au même Jegré que lui '. On ne saurait mieux le ca- ractérist^r comme écrivain qu'en lui appliquant ces jolis vers Jun de ses frag-ments où il «lisait d'un de ses per- sonnages : « Il a le lansraOT moven de la ville, sans les affectations un peu molles de nos citadins, mais aussi sans rien de cette rudesse qui sent la rusticité^. » Mais, tout en parlant le langaCT de tout le monde et ea le par- lant avec une clarté et une facilité sans égales, n'allons pas croire qu'Aristophane n'ait dans sa façon rien de très personnel. Le charme de son style, c'est justement que sa nature d'esprit s'y montre partout, bien qu'avec une exquise discrétion. Il est naïvement in^nieux; de vives associations d'idées et d'imajes surgissent pour lui à tout propos, mais elles u'ont rien de brusque ni de violent : ce sont de gracieuses et rapides surprises, dont on ne se lasse pas. Qu'on relise par exemple, au début des Xnéf^s, les confidences de Strepsiade sur son ancitume vie et sur son mariage \ Y a-t-il rien de plus délicieux, — et de plus intraduisible d'ailleurs, — que cette description humoristique, pleine de fantaisie et de sentiment à la fois .' Xulle trace de recherche ni de com- binaison étudiée, et pourtant tout est ingénieux, nou- veau, tout nous amuse et nous louche, tout parle à notre imagination. Pour p^Mudre la douce négligence de cette

1. Voir plus harit. p. o21, répigramnnî attribuée à Platon.

2. Texte cité plus haut, p. oli.

3. Nuées, i3 :

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Bp-a>v aîÀiTTa:; x»'. zpooiTO'.î xa: ttcjiç'jÀoi;...

et tout ce qui suit.

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