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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/607

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POÈTES DE LA COMÉDIE MOYENNE 595

Dans un autre genre, on peut rappeler aussi le frag- ment bien connu où il compare la comédie à la tragédie; cela est enjoué et bien tourné, quoique un peu superfi- ciel, et, comme le précédent morceau, dans ce ton demi sérieux, demi plaisant, où Antiphane semble avoir excellé \

« G*est vraiment Part des bienheureux que la tragédie ! Tout ce qu'elle raconte, son public le sait d'avance, avant qu'on n'ait dit un seul mot ; le poète n'a qu'à le rappeler di- rectement. Œdipe, voilà un nom qu'il suffit de prononcer; on connaît tout le reste : son père Laïos, sa mère Jocaste ; qui étaient ses filles et ses fils; ce qui va lui arriver, ce qu'il a fait. Et de même pour Alcméon ; à peine l'a-t-on nommé, aussitôt les petits enfants eux-mêmes s*écrient que, devenu fou, il a tué sa mère, et, que furieux, Adraste va venir sur-le- champ, puis s'en ira. . . Enfin, quand ils ne savent plus que dire, quand ils sont à bout de ressources dramatiques, aussi aisément qu'on lève le doigt, eux lèvent la machine aux dieux, et les spectateurs n'en demandentpas plus. Voilà des avanta- ges qui nous manquent à nous ; il faut que nous inventions tout, des noms nouveaux, ce qui s'est passé auparavant, la situation présente, le dénouement, l'entrée en matière. Qu'une seule de ces choses soit négligée par quelque Chrêmes ou quelque Phidon, on le siffle et on le chasse ; si c'était Pelée ou Teucer, on ne dirait rien. »

A côté d' Antiphane, nommons Anaxandride. C'était un étranger, lui aussi : de Rhodes, selon les uns; de Co- lophon, suivant les autres. Il prit part au concours dra- matique organisé par Philippe après la prise d'Olynthe en 348. Il avait composé 65 comédies, qui lui valurent dix victoires^. Ce fut lui, selon Suidas, qui introduisit le premier sur la scène comique des amours et des séduc- tions. Ceux qui parlaient ainsi oubliaient au moins le

1. Fragm. 191.

2. Suidas, 'AvaEavSptfiTiç. L'inscription 230 du GIG contient, selon Bergk (Rhein. Mus. XXXI V, p. 327 et suiv.), la liste des victoires remportées par Anaxandride aux Dionysies urbaines de 382 à 349.

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