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MÉNANDRE 615

expliquerait pourquoi Ménandre ne fut pas aussi souvent vainqueur que nous pourrions le croire. Plutarque as- sure en outre qu'elles se développèrent en lui avecTâgc, et que ses dernières pièces étaient fort supérieures à cet égard aux premières K La force pathétique ne lui man- quait pas, non plus que l'invention comique. César, en louant Térence dans une épigramme célèbre, le déclarait inférieur par là à Ménandre ^ ; c'était reconnaître le mérite complet du poète grec. Au contraire, quand le savant et spirituel Aristophane de Byzance demandait ingénieusement lequel des deux, de Ménandre ou de la vie humaine, avait imité l'autre ^ on réalité il ne rendait pas pleine justice au poète : celui-ci n'était pas un simple copiste, c'était vraiment un créateur.

La vérité frappante des sentiments, la vivacité drama- tique et vivante éclatent encore dans un grand nombre des fragments que nous possédons. Un homme, long- temps éloigné do son pays, vient d'y débarquer enfin ; il s'écrie * :

« Salut, ô ma terre bien-aimée ! Depuis si longtemps que je ne t'ai vue, avec quelle joie je te retrouve I Ce salut, je ne le donnerais pas à une terre quelconque ; je le donne à ce petit coin qui est à moi, quand je le revois ; car c'est lui qui me nourrit, et, pour moi, il est dieu. »

Un joyeux compagnon raconte ses aventures de table à Byzance ^ :

« Tout ce qui arrive de marchands là-bas, Byzance les grise infailliblement. Nous y avons bu toute la nuit, et, par ma foi,

1. Plutarque, pass, cité, fin.

2. Suétone, Vie de Térence. Il l'appelait un demi-Ménandre : « Dimi- diate Menander. »

3. Scol. Hermogène, p. 38 : 'û M£vav8pe xal pis, itotepo; ap' upicov 7c6- Tepov è(JLi{j,ir)(TaTO.

4. Fragm. 13 Kock.

5. Fr. 67.

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