Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/637

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la tradition domestique, essayait de rivaliser avec eux. Presque tous les genres lyriques étaient cultivés à la fois par ces poètes, et ils l'étaient tous avec succès.

Mais, vers ce temps, deux changements décisifs se produisent dans l'art qu’ils avaient illustré. D’une part, un certain nombre de genres anciens passent à l'arrière-plan, et par conséquent le lyrisme perd en variété ; il n’est plus guère représenté avec éclat que par le dithyrambe et le nome. D’autre part, les relations de la musique et de la poésie ne restent plus les mêmes * : la musique prend une importance nouvelle et sans cesse croissante ; la poésie se subordonne à ses désirs, bientôt même à ses caprices, jusqu’à ce que sa part se réduise à la confection d'un libretto insignifiant. Il est visible d’ailleurs que, de ces deux faits, le premier doit être expliqué par le second. Ce sont les exigences nouvelles de la musique qui font délaisser alors les genres trop simples^. Les parthénées,les prosodies, les hyporchèmes, les péans, les épinicies, les hymnes, en raison de leurs caractères propres, se prêtaient mal aux fantaisies musicales de la nouvelle génération. C’étaient des compositions ou trop courtes ou trop monotones. Au contraire, le dithyrambe et le nome convenaient aux novateurs : le nome, parce qu’il était propre, par son étendue et sa gravité, à faire valoir le talent des solistes; le dithyrambe, parce qu’il contenait un élément passionné, au moyen duquel on pouvait transformer le lyrisme choral. Cela mit ces deux genres hors de pair. Mais ce qui les fit passer au premier rang est justement ce qui diminue

1. Plut., De Musica, XXX : Tb yàp TcaXaibv... πρωταγων tyjç Ttotr^deiùQ, Ttov ô’aCiXr^Tôv uitT)p£T0\5vTa)v toÏc 6i6a(rxaXoic* ydrepov 6à xa toOto dieftari).

2. Plutarque (De Musica, XII) appelle Kréxos, Timothée, Philoxène et les poètes lyriques du même siècle 7coc-ir)Ta\ çiX^xaivot» et il ajoute: TV yàp oXtYO’/opfiîav xal tt^v à7rX6Tr,Ta xal <Jt\ky6rr\xaL Trj; (jio\j<nxYJc navxe- Xôic àp^ai’xY)v elvai <xu(ji6é6Y)xev.