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626 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THÉÂTRE

leur importance littéraire. Leur mérite poétique décroît à mesure que leur effet musical augmente. Voilà pour- quoi nous devons nous contenter ici de mentionner briè- vement des œuvres qui ont excité pourtant une admira- tion universelle et prolongée. Elles appartiennent à l'his- toire de la musique plutôt qu'à celle de la littérature.

Toutefois elles s'y rattachent au moins en ce qu'elles montrent, avec une évidence exceptionnelle, la grande influence exercée alors par le drame et en particulier par la tragédie *.

Celle-ci, comme on Ta vu, était née du dithyrambe. A l'origine, elle n en fut même qu'une forme nouvelle. Mais la forme ancienne avait subsisté et grandi, tandis que la nouvelle devenait un genre distinct. A la fin du Yi® siècle, lorsque la tragédie attendait encore Eschyle, le dithyrambe était dans tout son éclat. Ce fut alors que Lasos d'Hermioné commença à lui donner plus de pompe ^. Après lui, Mélanippide l'ancien, dont nous parlerons plus loin, nous est signalé aussi comme un novateur. La tragédie sans doute n'était encore pour rien dans ces changements. Mais, quand les grandes œuvres d'Eschyle eurent paru, une sorte d'émulation s'éveilla chez les poètes lyriques ; le public, épris et ravi du drame, en voulait partout; il fallut que le dithyrambe à son tour devint de plus en plus dramatique. Cela ne lui fut pas difficile, car il contenait en lui-même les éléments essen- tiels du drame : l'action et la passion. Il représentait des personnages légendaires, il racontait leurs souffrances ou leurs exploits ; il n'eut, pour se transformer, qu'à re- vêtir ses récits d'une forme plus imitative, en donnant la parole, par une fiction poétique, aux personnages qu'il introduisait. Peu à peu, on alla plus loin. On eut

1. Plut., De Musîca, XXVII : ïlàvra; SàToùç (Aoyfftxî); &7CTO(iévoy; wpbç tV OeaTptXT)V TUpoo-xe^^wprjxévat (loOerav.

2. Voyez t. II, p. 356.

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