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642 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THÉÂTRE

ce genre de représentation touchait presque autant au drame satyrique qu'à la tragédie proprement dite, et cela explique pourquoi Aristote oppose le Cyclope de Po- lyxène aux Perses de Timothée *. Une autre œuvre célè- bre de Polyxène était le Banquet^ dont la popularité est attestée par Aristote-. Il nous en reste d'importants fragments, dont Taulhenticité a été mise en doute par Alhénéc, mais défendue de nos jours ^. C'est une longue description en vers dactyliques, qui montre bien vive- ment à quel ])oint la poésie était alors subordonnée à la musique. Si incertain que soit encore le texte, il n'est pas téméraire d'affirmer que la valeur des pen- sées y est à peu près nulle. C'est un assemblage ha- bile de mots nouveaux, de composés sonores, de péri- phrases étranges, qui caressent l'oreille et amusent l'imagination ; une mélodie, d'un caractère familier et fantaisiste, donnait sans doute à ces énumérations un agrément qui aujourd'hui leur fait absolument défaut. Le Banquet fit au poète une réputation de gourmet, dont nous retrouvons le témoignage dans les anecdotes des biographes et même dans les fragments de la comédie^ Cela est pour nous de peu d'intérêt. Ce qui importe, c'est de noter la célébrité durable de Philoxène. Ses dithyram- bes figuraient parmi les chefs-d'œuvre qu'Alexandre se fit adresser dans la haute Asie par le ministère d'Har- palos ^ ; et Polybe rapporte que les Arcadiens, longtemps

1. Aristote, Poc7/^Me, c. 2.

2. Aristote, dans Athénée, I, p. 7.

3. Atiiénée, IV, 146 ; cf. I, p. 5. Consulter sur cette question Bergk. De reliq. comœd. atticœ^p, 212 et suiv.

4. On confondit le poète, volontairement ou non, avec divers ho- monymes, tels que le poète Philoxène de Leucade et un autre Phi- loxène, fils d'Eryxis. Aujourd'hui ces confusions sont devenues pour nous inextricables; voir Athénée, I, c. 8, 9, 10, 11, et surtout VII, 241, passage où sont cités de curieux vers du poète comique Machon d'Alexandrie, contemporain de Ptolémée Êvergète.

5. Plutarque, Alexandre^ c. 8.

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