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SGOLIES G47

dégagée, tout en petits membres logaédiques, qui ren- ferment ou un souvenir patriotique, ou un bon conseil, ou une pensée moqueuse, ou simplement une brève échap- pée de sentiment ; parfois un apologue csopique, résumé en quelques mots :

« Le crabe dit ainsi — quand il tint le serpent dans ses pinces : — Il faut qu'un ami soit droit, — et qu'il n'ait pas de pensées tortueuses i. »

L*éloge d'Harmodios et d'Aristogiton est un sujet pré- féré, qui revient souvent sous diverses formes.

« Votre gloire subsistera toujours sur la terre, — cher Har- modios et Aristogiton, — parce que vous avez tué le tyran, — et donné aux Athéniens l'égalité devant la loi '. »

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Un des bons morceaux en ce genre est le scolion, mal- heureusement altéré, du crétois Hybrias ^ :

« J'ai un grand trésor, qui est ma lance et mon épée, et le beau bouclier dont je me couvre ; c'est avec cela que je la- boure, avec cela que je moissonne, c'est avec cela que je foule aux pieds le vin délicieux de la vigne ; c'est cela qui fait de moi le maître dans ma maison. — Ceux qui n'osent pas tenir la lance et l'épée ni le beau bouclier pour se couvrir, tous, tremblants et fléchissant le genou, me saluent comme leur maître et m'appellent le grand roi. »

Mais le chef-d'œuvre de cette classe de poésies est in- contestablement rhymne célèbre d'Aristote à la Vertu *. Composé vers 345, après la mort toute récente d'Hermias d'Atarnée, qui avait été Tun des meilleurs amis du grand philosophe, ce chant, comme Ta remarqué Athénée, est bien une sorte de scolion. Il procède d'un sentiment touchant et d'une idée élevée :

1. Bergk, Poet. lyr. gi\, III, p. 648.

2. Bergk, Poet. lyr. gr., III, p. 647, fr. 12; d. fr. 9, 10, 11.

3. Athénée, XV, 695 F. Bergk, même ouv., p. 651.

4. Athénée, XV, 695 A. Bergk, II, p. 360.

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