LA POÉSIE MOQOEUSË 657
veur en Sicile. Deux fragments de lui, d'un vers chacun, nous font entrevoir le genre de scènes qu'il traitait en se servant des expressions et des tours homériques : c'est d'une part une querelle entre deux garçons de bains qui se jettent leurs baquets à la tête; de l'autre, des invec- tives adressées par un potier à un barbier à propos d^une femme, et qui rappellent celles d'Achille à Agamemnon à propos de Briséis. Tout cela était en somme assez mi- sérable et ne paraît pas valoir l'honneur d'être étudié de plus près.
Si riambographe Hérodas appartient, ainsi que l'a sup- posé Bergk \ à cette période, c'est alors que serait né le genre des Mimiambes ou Ïambes Mimiques. Les quelques vers obscurs qui nous restaient de lui jusqu'à ces der- niers temps n'étaient pas de nature à nous éclairer sur les caractères qui lui étaient propres. On vient d'en re- trouver un grand nombre en Egypte, mais ils n'ont pas encore été publiés.
Le représentant le plus notable de la poésie satirique en ce temps fut le philosophe cynique Cratès de Thèbes -. Il était dans la vigueur de Tâge, selon Diogène Laërce, dans la 113« Olympiade (328-325) \ Célèbre dans l'his- toire delà philosophie par le renoncement éclatant dont il fit preuve et aussi par l'étrangeté de sa vie, il appartient à celle de la poésie par ses iambes, ses hexamètres et ses élégies satiriques. Ses biographes nous disent qu'il en- trait librement dans toutes les maisons, ce qui l'avait fait surnommer « l'ouvreur de portes » (ôupsTuavoiXTTiv) *. Bien accueilli de tous, il réprimandait librement ceux
1. Bergk, Poet. lyr, gi\^ p. 509. Cf. Schneidewin, Der Mimiambo- graph Herodas^ Rheinisch. Muséum, 1847, p. 292.
2. Voy. la notice de MûUach, Fragmenta Philosoph. GraBcorum, t. II, p. 331, Didot.
3. Diog. Laërce, VI, 87. Cf. Suidas, KpaTTjç.
4. Plutarque, Propos de table, U, 1, 6.
Hist. de la Litt. grecque. — T. III. 42
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