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L’ÉPOPÉE 663

hommes. Mon ami, tu as bu autant de vin délicieux qu’il t’en fallait ; retourne maintenant auprès de ton épouse et emmène tes compagnons. Car, si tu vidais une troisième fois la coupe de vin, suave comme le miel, je crains qu’un élan de violence ne soulève ton âme et que ce festin hospitalier n’ait un dé- nouement fâcheux. Allons, suis mes conseils, et ne permets pas qu’on boive à l’excès. »

Dans tous les vers subsistants de Panyasis,nous retrou- vons cette même imitation du vieux langage épique et des vieilles mœurs héroïques. Une sorte de naïveté vou- lue, ingénieuse et habile, a pu faire illusion aux contem- porains; mais, sous Tartifice superficiel, trop facile en somme à discerner, se laisse entrevoir aujourd’hui une prose ionienne plus sensée que poétique, qui ressemble- rait assez à celle d’Hérodote, si elle avait plus de sincé- rité et de grandeur.

L’exemple donné par Panyasis fut suivi bientôt après par un poète très supérieur, Tlonien Antimaque, dont nous avons déjà mentionné la Lxjdé. Né sans doute à Cla- ros * et devenu ensuite citoyen de Colophon, dont il se fit une seconde patrie S il était dans la force de l’âge et du talent à la fin de la guerre du Péloponnèse en 404 ^ On a fait de lui le serviteur ou le disciple de Panyasis ^ ; se- lon toute vraisemblance, cela veut dire tout simplement qu’il profita de son exemple. On raconte qu’il concourut sans succès à Samos dans les fêtes que les Samiens cé- lébrèrent en 404 en l’honneur de Lysandre ^ Platon, jeune encore, l’aurait consolé, dit-on, de cette défaite par

1. Gicéron, Brutiis, 51 : Antimachum, Glarium poetam. Cf. Ovide, Tristes, I, 6, i. — Notice de Diibner dans THôsiode Didot.

2. Suidas, ’AvTtjiaxoÇ’ Plutarque, Lysandre, 18; etc.

3. Diodore, XIII, 108.

4. Suidas, ’Avrifia-xo;. Il lui donne aussi pour maître Stésimbrotos, sans doute Stésimbrotos de Thasos, l’iiistorien qui avait écrit sur Thômistocle. sur Thomme d’État Thucydide, et sur Pôriclès.

5. Plutarque, Lysandre f 18.

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