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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/676

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664 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THÉÂTRE

le témoignage de son admiration ^ En tout cas, Héraclide de Pont, dont Tautorité est sérieuse, attestait que le grand philosophe préférait hautement Ântimaque à Chœ- rilos, alors en pleine renommée, et qu’il fit recueillir tout ce qu’il avait composé -. Quelle qu’ait été la réputa- tion de ses élégies, dont nous avons parlé plus haut, sa plus grande œuvre fut certciinemeut sa Thébaide. C’est à une sorte de passion pour les vieilles légendes qu’il semble avoir dû sa principale inspiration. Érudit enthou- siaste, à qui tous les antiques récits semblaient sacrés, il prenait un plaisir religieux et poétique à les sauver de Toubli, en les enchâssant dans des œuvres durables. Sa Lydé offrait au lecteur une revue de toutes les grandes douleurs de Tâge héroïque, qu’il avait cru pouvoir com- parer à la sienne. Le même procédé d’énumération infi- nie se retrouvait dans sa Thébaîde, Horace, dans une allusion moqueuse, nous apprend qu’il commençait à la mort de Méléagre le récit du retour de Diomède ^. Un des scoliastes du poète latin complète ce renseignement en nous disant qu’ Antimaque avait rempli vingt-trois livres avant d’amener les sept chefs devant Thèbes ’*. L’étendue de l’œuvre était donc immense. Dans ce vaste poème, l’ar- rangement dramatique faisait défaut et la peinture des sentiments était négligée. A ceux qui cherchaient l’action et ne la trouvaient pas, l’œuvre paraissait ennuyeuse et dénuée d’art ^ Pour les curieux, il n’en était pas de même : mille récits légendaires, librement développés,

1. Plutarque, l. c. On retrouve dans Gicéron, Brutus, 51, la même tradition, arrangée en forme d’anecdote scolaire et accommodée aux usages d’un autre temps.

2. Proclus, Comment, sur le Timée, L p. 28.

3. Horace, Ép. aux Pisons, 136.

4. Scolie de Porphyrius sur le passage cité d’Horace.

5. Quintilien, X, 1, 53 : Et affectibus et jucunditate et omnino arte deficitur. Il ajoute qu’ Antimaque est inférieur à Panyasis par la composition, « disponendi arte. »

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