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670 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THÉÂTRE

« Je tiens dans la main toute ma richesse, ce fragment de coupe aux anses brisées, une de ces épaves des festins, que trop souvent le souffle de Dionysos rejette sur les rives de rOutrage *. »

Horace nous fait connaître un autre Chœrilos, mauvais poète et flatteur d’Alexandre : ce roi eut le tort de payer ses méchants vers, comme s’ils eussent été bons ^. Nous ignorons absolument quelle était sa parenté avec le pre- mier. Les vers d’Horace laissent deviner qu’il avait cé- lébré les exploits d’Alexandre : c’était un des inconvé- nients de l’épopée historique que, en un temps d’abais- sement moral, elle risquait de se tourner en panégyrique payé. Lysandre attendait du premier Chœrilos qu’il mît envers son histoire; le second fît pour le conquérant macédonien ce que le premier n’avait peut-être pas eu le temps de faire pour le vainqueur d’Athènes. Il est probable aussi qu’il faut lui attribuer une épopée sur la guerre lamiaque (Aa[xta>cdc), que Suidas signale, en dépit de toute chronologie, comme une œuvre de l’auteur de la Perséide. Ces pauvres productions n’appartiennent pas à la littérature. Mais l’épopée historique ne disparut pas avec Chœrilos. Nous la retrouverons dans la période alexandrine, oii elle sera représentée, non sans honneur, par les Messéniennes de Rhianos.

VII

Nous avons suivi l’histoire de la poésie grecque à tra- vers le V® et le iv^ siècle dans tout son développement. La dernière phase en est bien moins brillante que la

1. Athénée, XI, p. 464 A.^Fr. 8 Dûbner. Cf. le passage de Tzetzés (Walz, Rhetores graeci, III, p. 651), où il est dit que Chœrilos appe- lait les pierres « les os de la terre » et les fleuves « les veines de la terre ».

2. Horace, Épîtres, I, 233.

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