LE THÉÂTRE 63
vraisemblances ^ Ce qui est probable, c'est que la scène consistait alors en un simple plancher de bois posé sur un échafaudage^. Si Ton tient compte des témoignages anciens, en tant qu'ils ne sont pas contredits par les faits nouvellement découverts, on peut se représenter à peu près comment cette installation, toute rudimontaire d'a- bord, se perfectionna peu à peu.
La première forme de la scène, ce fut TeXeoç, cette sorte de table ou de plateau en bois, d'où le narrateur primitif, avant Thespis, répondait au chœur ^ Tant que la tra- gédie n'eut qu'un seul acteur, il n'y eut pas de raison pour demander davantage. Une étroite plate-forme en planches, qu'on installait pour chaque représentation sur la place de danse, cela était suffisant. Une tradition, qui n'a rien d'invraisemblable, attribue à Eschyle la première organisation d'une scène proprement dite *. Cette scène consistait, d'après Horace, en un plancher (j)ulpitum) posé sur de petits étais (modicis tignis) ^ Elle ne différait
K, Elle a été fort bien réfutée par M. Haigh dans Tarticle de la Classical Review cité plus haut. M. de Wilamowitz au contraire Ta adop- tée dans l'article cité plus haut. — J'ajoute ici une objection à celles de M. Haigh. On voit par la Poétique d'Aristote qu'au iv« siècle, on disait couramment -zol oltzo o-xTjvriç pour désigner les chants des acteurs par opposition à ceux du chœur. Comment expliquer cela, si les ac- teurs, comme le veut M. Dôrpfeld, jouaient dans Torchestra devant le irpoo-xTiViov et montaient pour déclamer ou pour chanter, sur la thy- mélo, dont il faitune plate-forme entourant Tautel central?
2. Xé nophon (C^rop. VI, 54), parlant d'une tour en bois élevée sur un chariot qui pouvait être traîné par huit paires de bœufs, dit qu'elle était faite avec des pièces de bois de même épaisseur que celles d*une « scène tragique )>.
3. PoUux, IV, 123 : *EXebç 8' y^v TpaTceÇa àp-/aîa, è?' r^y izpo 0é(77ti8oç etç Ti; àvaêà; toÎç ^opeuTaïc àTtexpivaxo.
A. Horsice, Art poétique, 279 : ^schylus et modicis instravit pul- pita tignis.
5. PoUux et Vitruve appellent ce plancher le XoyeÎov, c'est-à-dire l'en- droit où. Ton parle. On admet en général, que ce nom est relative- ment récent. J'en doute. Il est à remarquer qu'il entre dans la com- position du mot ôeoXoYEÏov (le Xo^eiov des dieux), et que ce dernier
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