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LES ACTEURS 87

goût d'imitation. Il n'est pas improbable que Tusage du masque tragique en dérive également.

Suidas nous dit assez confusément que Thespis se ser- vit, pour se masquer, de céruse ou de fard (^i[i.u9iov), puis de touffes de pourpier (àvSpaj^vYî), et enfln de masques en toile (ôOovn) ^ Il est difficile de croire que ce soit là un ordre chronologique. Le pourpier a pu servir à des drames où l'élément bachique dominait, tandis que le fard et plus tard les masques de toile durent être employés de préférence dans la tragédie proprement dite. A la fin du VI® siècle et au commencement du v®, le masque tra- gique se perfectionna rapidement. Chœrilos, Phrynichos et Eschyle contribuèrent, dit-on, à ce progrès, ce dernier plus que personne ^. Après lui, il n'y eut plus d'amélio- ratiou essentielle, sans doute parce qu'on n'en avait plus à désirer.

Le masque est un des signes extérieurs qui manifes- taient le mieux le caractère idéal de la tragédie grecque. Evidemment, il excluait toute représentation minutieuse de la vie morale, car il supprimait les jeux de physio- nomie. Quand un personnage restait en scène depuis le commencement de la pièce jusqu'à la fin, comme le Promé- thée d^Eschyle ou TOEdipeà Golonede Sophocle, l'expres- sion de son visage était toujours la même, puisqu'il lui était impossible de changer de masque. Elle ne pouvait donc traduire que très sommairement la souffrance ou les sensations vives, sous peine d'offrir un spectacle ridi- cule par sa continuité. Si le personnage sortait à plusieurs reprises, ce qui était l'ordinaire, il pouvait sans doute changer de masque ; mais alors même son expression avait toujours quelque chose de durable, ces change- ments étant rares. Par suite il y a lieu de croire que

1. Suidas, 0é<nti;.

2. Suidas, XotpiXo;, ^pûviyoç, Al(i^\5Xo;.

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