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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


(Ἀναϰρεόντεια (Anakreonteia)). On a vu, au tome II de cet ouvrage, pour quelles raisons ces courtes compositions ne pouvaient plus aujourd’hui être attribuées au poète Anacréon de Téos[1]. En réalité, elles semblent dater toutes de la période impériale. La critique moderne s’est appliquée à en distinguer les diverses couches ; et, bien que, dans le détail, il y ait encore des divergences d’opinion sensibles, on peut dégager déjà de ces discussions quelques conclusions générales, qui ont leur intérêt pour l’histoire de la poésie grecque sous l’empire[2]. — Un premier groupe, compose lui-même de trois éléments distincts et sans doute d’âges différents (Hémiambes, n° 1,3, 5-14 ; ioniques brisés et logaèdes, 15-20 ; hémiambes et ioniques brisés, 21-32), paraît devoir être rapporté aux deux ou trois premiers siècles de l’empire. Destinées à être chantées dans les banquets, ces poésies avaient cours parmi la jeunesse élégante, qui fréquentait alors les principaux centres d’étude[3]. — Un second groupe, également complexe (33-59), trahit, par diverses particularités de langue et de métrique, une origine plus tardive. On peut le rapporter à la fin du Bas Empire, depuis le IIIe siècle environ jusqu’à la période byzantine. Du reste, la destination en est identique, et ces poésies ont dû naître, sous l’influence de la sophistique, dans le même milieu que les précédentes.

Nous n’avons pas à revenir ici sur l’appréciation qui en a été donnée précédemment. Leur caractère est en rapport avec les habitudes du temps. Il y a, certes, de la grâce et un enjouement aimable dans un grand nom-

  1. Tome II, p. 257 et suiv. Voir aussi, dans Pauly-Wissowa, l’art. Anacreon, de Crusius.
  2. Fr. Haussen, Anacreonteorum sylloge palatina recensetur et explicatur, Lipsiæ, 1884, Préface. Stark, Quæstionum Anacreont. libri duo, Lipsiæ, 1846. art. de Haussen et de Crusius dans le Philologus, t. XLVI, XLVII, LII et Suppl. Bd V. 2.
  3. Aulu-Gelle, XIX, 9.