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PSEUDO-ANACRÉON


bre de ces morceaux. Mais tous ces poètes anonymes jouent avec des images, des tours de phrase, des inventions, des souvenirs, qui se répètent sans cesse. L’imitation est le fond même de leur poésie. On ne saurait tirer de toutes leurs chansons un renseignement quelconque, ni sur eux-mêmes, ni sur les personnes ou les choses de leur temps.

Le recueil dont nous parlons est manifestement un extrait de plusieurs autres analogues. Il y a lieu de croire que de tels recueils ont dû être assez nombreux dans les derniers siècles de l’hellénisme. Cette poésie, facile et frivole, convenait bien, par son élégance superficielle, à cet âge de sophistique. Sans parler des poésies chrétiennes de forme anacréontique dues à Grégoire de Nazianze et à Synésios, d’autres manuscrits que celui de l’anthologie palatine conservent encore des séries de chants du même genre. Parmi ceux qui ont été publiés, un manuscrit de la bibliothèque des Barberini nous a livré une sorte de courte anthologie anacréontique, où figurent spécialement des poètes des derniers temps de l’hellénisme ou de la période byzantine[1]. Nous y retrouvons l’école de Gaza dont nous avons parlé plus haut ; et nous savons d’ailleurs qu’elle était précisément renommée pour la poésie anacréontique[2]. Sans doute, comme l’a supposé Crusius (art. cité), ce genre dut être florissant, aux ve et vie siècles, parmi les maîtres et les étudiants des écoles de rhétorique ou de droit de Bérytos, de Césarée, de Gaza. Un morceau du recueil en question, sans nom d’auteur, est dédié a un Colouthos, qui semble bien être l’auteur de l’Enlèvement d’Hélène[3].

  1. Barberinus 246 (xie siècle), publié dans Bergk, Poetæ lyr. gr., t. III, p. 339, sous le titre de Appendix Anacreonteorum.
  2. Scol. de Jean de Gaza, Description : Ἐλλόγιμοι ταύτης τής πόλεως Ἰωάννης, Προϰόπιος,.. ϰαὶ οἱ τῶν Ἀναϰρεοντείων ποιηταὶ διάφοροι. (Ellogimoi tautês tês poleôs Iôannês, Prokopios,.. kai hoi tôn Anakreonteiôn poiêtai diaphoroi.)
  3. Le ms. donne un nom estropié, Ἀϰαλούθου (Akolouthou). La restitution du vrai nom est due à H. Weil (Revue crit., 1870, p. 401).