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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


Six poèmes d’étendue diverse y portent le nom de Jean de Gaza déjà mentionné plus haut parmi les poètes épiques et les sophistes du vie siècle. Au même temps semble appartenir Georges le Grammairien, dont il nous reste huit morceaux. D’autres poèmes du même recueil sont l’œuvre de poètes obscurs du ixe ou du xe siècle (Constantin de Sicile, Léon, etc.) Nous saisissons donc là sur le fait la durée d’un genre qui devait se perpétuer dans la période byzantine : il n’y avait, en effet, aucune raison pour qu’il disparût, puisqu’il ne tenait à aucune institution ni à aucun temps. Toutes ces poésies sont étrangement fastidieuses, soit par leur platitude maniérée, soit par une obscurité qui provient à la fois du vague de la pensée et de la recherche impuissante de l’expression[1].

Un dernier recueil en vers, qui semble avoir été constitué au temps de Justinien, doit être encore mentionné ici : c’est celui des Oracles Sibyllins (Χρησμοὶ Σιϐυλλιαϰοί (Chrêsmoi Sibulliakoi))[2]. Les poésies, judéo-helléniques et judéo-chrétiennes, qui le composent, n’avaient primitivement aucun lien entre elles ; les plus anciennes (l. III, 97-294 et 489-828) paraissent remonter jusqu’au temps d’Antiochus Épiphane (171-168 av. J.-C.) ; d’autres (l. IV) datent des années qui suivirent l’éruption du Vésuve (79 ap. J.-C.) ;

  1. La structure par stances et refrains (οἶϰοι, ϰουϰούλια (oikoi, koukoulia)), qui y est ordinaire, y dénote sans doute l’influence d’un accompagnement musical.
  2. Édités pour la première fois à Bâle, chez Herbst, 1545 ; complétés peu à peu, grâce à de nouvelles découvertes, en particulier par Angelo Mai, qui publia en 1817 le livre XIV, retrouvé par lui à Milan, et, en 1828, les livres XI, XII et XIII, d’après des mss. du Vatican. Éditions de C. Alexandre, avec des Excursus très importants, Paris. Didot, 1841 et 1869 ; de Friedlieb, Leipzig, 1852 ; de A. Rzach, Leipzig, 1891, texte critique, le meilleur que nous ayons aujourd’hui. Sur les parties du recueil et leur histoire, voir Bouché-Leclercq, Hist. de la divination, t. II, p. 203-214, et la note 1 de la page 200.