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ORACLES SIBYLLINS


d’autres encore, du second siecle (Prologue, morceaux des livres III et VIII) ; deux livres du recueil, les VIe et VIIe, ont été composés avant le milieu du iiie siècle, sous Alexandre Sévère ; quatre autres (XI-XIV) à la fin du même siècle, au temps d’Odenat (mort en 267) ; le reste de la compilation n’est qu’un amas incohérent, auquel il est impossible d’assigner aucune date. Ce qui est commun à toutes ces poésies, c’est le caractère sombre, la malédiction prophétique, l’annonce des catastrophes vengeresses. Adoptées par les docteurs chrétiens, qui s’en servirent dans leur guerre contre l’hellénisme, elles reçurent d’eux une consécration qui les fit vivre. Au vie siècle, un diascévaste essaya de leur donner une sorte d’unité artificielle, en composant de ces morceaux épars une histoire du monde ; il semble n’avoir pas poussé cette tentative d’organisation au delà du second livre. L’ensemble, tel que nous le possédons, n’est en somme qu’un assemblage confus. La langue en est d’ailleurs le plus souvent obscure, incorrecte, violente, quelquefois inculte. Mais, en partie à cause de cela même, cette poésie étrange a exercé une influence profonde sur les imaginations, et, si elle est par elle-même en dehors de la littérature, elle s’y rattache cependant en raison de cette puissance indéniable de suggestion.

VI

Sauf quelques exceptions, la poésie de ces derniers siècles, comme on vient de le voir, dépend étroitement de la sophistique. L’histoire, dont nous avons maintenant à parler brièvement, ne s’en affranchit guère, elle non plus.

Eunape avait, pour ainsi dire, scellé l’union de ces