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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


deux genres, si peu faits cependant pour se confondre : les principaux historiens dont il va être question sont, en général, à des degrés divers, des continuateurs et des imitateurs d’Eunape. D’ailleurs les sérieuses qualités qui donnent seules à l’histoire sa valeur propre, celles qui l’affranchissent de la vaine rhétorique, intelligence sûre et large des événements, sens philosophique de la vie sociale, amour élevé de la vérité, tout cela manquait absolument à ce temps. Privé de ses éléments naturels, le genre historique était condamné à flotter trop souvent entre la chronique terre à terre, le lieu commun banal, et le commérage sans portée.

Le seul historien dont le nom ait quelque relief au ve siècle est Zosime[1]. Il n’est pas impossible qu’il soit identique au rhéteur de ce nom, originaire de Gaza ou d’Ascalon, que Suidas mentionne comme ayant vécu encore au temps d’Anastase[2] ; mais il est plus probable qu’il faut voir en lui un autre personnage, antérieur d’un certain nombre d’années. D’après Photius, il fut avocat du fisc et reçut le titre de comte du palais[3] ; Évagrios nous apprend qu’il vécut au milieu du ve siècle, sous Théodose II et ses successeurs[4]. C’est ce que confirme son œuvre même. Cette œuvre nous est parvenue ; elle est intitulée Histoire contemporaine (Ἱστορία νέα (Historia nea)) et comprend six livres. Le premier, qui est un résumé rapide de l’histoire de l’empire depuis Auguste jusqu’à Dioclétien, doit être considéré comme une introduction à l’ouvrage proprement dit, dans lequel Zosime s’était proposé de retracer les événements du ive siècle et de

  1. Heyne, Preface de l’édition de Zosime dans la collection byzantine de Bonn.
  2. Suidas, Ζώσιμος Γαζαῖος (Zôsimos Gazaios). Dans cette courte notice, le lexicographe na fait aucune mention d’ouvrages historiques.
  3. Photius, cod. 98.
  4. Évagrios, Hist. eccl., III, 41.