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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

et qui montre, dans sa douceur élégante, comme un léger reflet du rayon de poésie qui se dégage des Idylles[1].

IV

Cette sincérité d’émotion, qui fait la beauté des Idylles, est certainement ce qui manque le plus à un groupe de poètes contemporains, fort célèbres aussi, fort habiles, mais que nous caractériserons d’un mot en les appelant des poètes académiques. Ceux-là sont, dans toute la force du terme, des Alexandrins : ils personnifient au suprême degré les qualités et les défauts de leur temps ; quels que soient d’ailleurs les genres divers ou ils se soient exercés, ils ont tous ce trait commun, d’être plus savants qu’inspirés, plus capables d’analyse que de création, plus descriptifs que passionnés, plus versificateurs en somme que poètes. Tels sont le polygraphe Callimaque, le poète didactique Aratos, les poètes épiques Pthianos et Apollonios.


Callimaque, fils de Battos, est incontestablement le « maître du chœur ». Par le nombre de ses ouvrages, par leur diversité, par leurs qualités et par leurs défauts, il est comme le type même du poète alexandrin[2].


Il naquit à Cyrène vers la fin du ive siècle (entre 310 et 305 probablement)[3]. Sa famille, s’il faut l’en croire,

  1. Anthologie de Jacobs, t. I, p. 181-183.
  2. Notice de Suidas. Cf. Couat, Poésie Alexandrine ; Knaack, Callimachea, Stettin, 1886 ; Susemihl, t. I, p. 341-373 ; Bruno Ehrlich, De Callimachi hymnis quaestiones chronologicae (dans les Philol. Abhandlungen de Breslau), 1894, et l’article de « MY » dans la Revue critique, 1898, I, p. 126.
  3. Couat, p. 44. Les dates de la vie de Callimaque sont matière à discussions inextricables. Je ne vois pas que les conclusions de