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CALLIMAQUE

se rattachait au héros Battos, le fondateur de la cité, l’ancêtre des rois de Cyrène chantés par Pindare[1]. Il vint étudier la philosophie à Athènes sous la direction du péripatéticien Praxiphane[2]. Puis il se rendit à Alexandrie, où il ouvrit une école de grammaire[3]. Sa réputation le mit en honneur auprès de Ptolémée Philadelphe, monté sur le trône en 285, et qui paraît l’avoir distingué quelques années plus tard : l’hymne à Zeus, composé vers 273, est une pièce évidemment officielle et commandée. Dès lors, sa faveur se soutient sans défaillance. Après la mort de Zénodote, il devient bibliothécaire[4]. Tout en continuant d’écrire des poèmes, il s’occupe de bibliographie et d’histoire littéraire. Ses dernières années furent marquées par une violente querelle littéraire avec son disciple Apollonios de Rhodes : celui-ci voulait faire renaître l’épopée héroïque : Callimaque considérait l’entreprise comme déraisonnable ; la dispute, purement littéraire à l’origine, finit par des injures grossières qui jettent un jour singulier sur la vivacité des amours-propres dans cette société de beaux-esprits. Apollonios déclara dans une épigramme[5] que le mot « Callimaque »

    M. Couat, très prudentes, aient été sérieusement ébranlées dans leur ensemble. Je le suivrai donc en gros, me bornant à renvoyer, pour le détail des preuves, à sa discussion très complète.

  1. Strabon, XVII, p. 837.
  2. C’est du moins ce qui paraît résulter d’une Vie d’Aratos, en latin, très ingénieusement mise en lumière par Rohde, Griech. Roman. p. 99, note 3.
  3. Dans un faubourg du nom d’Éleusis, selon Suidas.
  4. Date exacte inconnue. Cf. Couat, p. 34.
  5. Anthol. Palat., XI, 275 : Καλλίμαχος, τὸ κάθαρμα, τὸ παίγνιον, ὁ ξυλινὸς νοῦς — Αἴτιος ὁ γράψας « Αἴτια Καλλιμάχου ». Cette épigramme ne me paraît pas, en général, avoir été interprétée avec précision : je crois que Καλλίμαχος dans le premier vers, doit être pris comme une sorte de nom commun dont la définition suit, ainsi que dans un lexique ; c’est une plaisanterie de philologue. Noter aussi le jeu de mots qui résulte du rapprochement de Αἴτιος et Αἴτια.