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CHAPITRE VI. — LES GRECS À ROME

Jusqu’à Diodore de Sicile et Nicolas de Damas, qui appartiennent au temps d’Auguste, on ne rencontre que des polygraphes, des curieux qui touchent certains points d’histoire en passant, par occasion, ou qui explorent des provinces voisines, et par exemple la mythologie. Aucun d’entre eux ne fait à proprement parler figure d’écrivain.


Apollodore d’Athènes, le premier en date, est un mythographe plus qu’un historien[1]. Élève à la fois des Stoïciens de Pergame et d’Alexandrie, il vécut surtout à Pergame, sous le règne d’Attale II (à qui l’un de ses ouvrages fut dédié), c’est-à-dire vers le milieu du iie siècle. On ne sait rien de sa vie. Parmi ses écrits, quelques-uns se rattachaient à la tradition d’Aristarque, par exemple des traités Sur Sophron, Sur Épicharme, Sur les étymologies. D’autres, comme son ouvrage Sur les courtisanes athéniennes, révèlent déjà chez lui le goût des faits et des anecdotes. Il est probable que son commentaire en douze livres Sur le catalogue des vaisseaux, dans l’Iliade, avait le même caractère. Mais ses deux écrits les plus célèbres se rapprochent davantage de l’histoire proprement dite. L’un était une Chronique rimée (Χρονικά), où il fixait en vers mnémomiques la suite des faits depuis la guerre de Troie jusqu’à l’époque contemporaine ; inutile de dire que la poésie n’avait en cela que peu à voir. L’autre était une Histoire des Dieux (Περὶ θεῶν), en 24 livres[2] ; immense et savant répertoire, où toutes les traditions différentes mises en œuvre par les poètes et les historiens, toutes les opinions même émises sur les dieux par les philosophes, se trou-

  1. Cf. Susemihl, t. II, p. 33-44. — Fragments dans C. Müller, Fragm. Hist. gr., I, p. 428-469.
  2. Un extrait de cet ouvrage, par Sopatros, est analysé par Photios dans sa Bibliothèque, 161.