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MÉTRODORE ; ALEXANDRE POLYHISTOR

vaient recueillies, classées, interprétées allégoriquement selon la doctrine stoïcienne[1].


Métrodore de Scepsis, né vers le milieu du second siècle, est un polygraphe[2]. Élève de son compatriote Démétrios, puis de Carnéade, il se tourna, dit Strabon, vers la politique et la rhétorique[3]. Mais la politique, à cette époque, ne se faisait plus qu’à la cour des princes. Métrodore, en effet, fut longtemps l’ami de Mithridate Eupator, qu’il finit par desservir auprès de Tigrane, et qui se vengea en le faisant périr[4] (70 avant J.-C.). Métrodore haïssait Rome[5]. C’est peut-être le trait le plus original de son caractère. Quant à la rhétorique, c’est probablement dans son Histoire de Tigrane qu’il en avait déployé les ornements[6]. Par cet ouvrage, d’ailleurs totalement perdu, il avait pris rang parmi les historiens. Mais il avait aussi traité d’autres sujets que l’histoire. On lui attribuait un écrit Sur l’art de la lutte (περὶ ἀλειπτικῆς) et un ouvrage Sur l’habitude (περὶ συνηθείας), où il semble avoir surtout parlé des animaux,

  1. Apollodore avait eu un devancier dans un contemporain d’Hérodote, Hérodoros d’Héraclée, auteur d’ouvrages mythologiques sur Héraclès et sur les Argonautes (notice et fragments dans C. Müller, Fragm. Hist. gr., II, p. 27-41). Il eut de nombreux successeurs, et notamment l’auteur inconnu de la Bibliothèque, qu’on lui attribuait à lui-même et dont il sera question plus loin. Le texte en a été publié par C. Müller, Fragm. Hist. gr., II, p. 104-179, et dans les Mythographi graeci de R. Wagner (Bibl. Teubner), avec quelques fragments nouveaux. Mentionnons encore Denys de Mitylène, surnommé Bras de cuir (Σκυτοβραχίων), et Palæphatos, qui vivaient au ier siècle avant J.-C., auteurs de Τρωικά et de divers autres ouvrages sur les temps mythiques.
  2. Fragments dans C. Müller, Fragm. Hist. gr., III, p. 202-205.
  3. Strabon, XIII, 609, F.
  4. Plutarque, Lucullus, 22.
  5. Pline, XXXIV, § 34.
  6. Schol. Apoll. Rhod., IV, 131. Il avait aussi cultivé la mnémosique, si utile à l’orateur. Cf. Cicéron, De Orat. II, 88, 360.