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CASTOR DE RHODES

drie : ces fragments ont de l’intérêt par les renseignements qu’ils nous donnent sur les travaux antérieurs qui avaient servi de sources au Polyhistor, mais ils nous montrent en même temps que sa curiosité, toujours attirée vers de nouveaux objets, se contentait en somme de copier et d’extraire, et ne sut jamais faire œuvre originale.

Castor de Rhodes, qui doit son surnom à la cité où il avait étudié, et dont le lieu de naissance est inconnu, est un contemporain de Polyhistor. Sa vie fut un roman[1] : sorti d’une humble condition, il entre par un mariage dans la famille de Déjotarus, prince des Galates ; il rend des services à Pompée, qui lui donne le titre d’ami du peuple romain, et il meurt victime de la vengeance de Déjotarus, qu’il était venu accuser sans succès devant César. Son principal titre à figurer ici consiste dans un ouvrage intitulé Χρονικά, sorte de table ou de résumé chronologique, donnant la date de tous les règnes, de toutes les magistratures éponymes des pays civilisés, depuis le fabuleux Ninus jusqu’au triomphe de Pompée en 61. Ce n’était certainement pas l’œuvre d’un écrivain. Il n’est même pas sûr que ce fut l’œuvre d’un grand savant. Mais c’était un ouvrage commode, assuré par conséquent d’un succès qui a préservé son auteur de l’oubli[2].

IV

La philosophie de cette période, sans s’élever bien haut, est plus intéressante que l’histoire. Ici encore, la

  1. Suidas, Κάστωρ. Cf. Susemihl, II, p. 365. — Fragments recueillis par C. Müller, à la suite de l’Hérodote-Didot.
  2. Il avait aussi composé divers ouvrages de rhétorique.