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CHAPITRE Ier. — PÉRIODE DE L’EMPIRE

C’est celle des Diodore, des Denys d’Halicarnasse, des Strabon. Elle se nourrit dans les bibliothèques, elle fleurit dans de petits cercles lettrés, elle vise surtout soit à la conservation, soit à la vulgarisation des connaissances acquises et des idées traditionnelles. Nulle haute ambition de propagande et un très faible souci de l’art d’écrire ; toujours la manière banale, impersonnelle, des derniers temps de la période précédente.

Cependant, on commence du moins à réagir contre l’incorrection, le mauvais goût, l’abus du langage technique. De plus, on cherche à faire apprécier du vainqueur le passé de la Grèce, à propager parmi les Romains eux-mêmes la connaissance de ses idées, sa science de l’histoire, sa philosophie, à faire admirer ses grands écrivains. Et par là se prépare une renaissance, qui ne sera sans doute ni très complète, ni très durable, mais qui aura néanmoins son éclat. Ce premier âge est donc surtout un âge de transition : il se relie étroitement, par ses habitudes d’esprit, ses méthodes, sa manière même d’écrire, à celui qui l’a précédé immédiatement ; mais, d’autre part, il élabore les éléments, littéraires et moraux, qui vont rendre à l’hellénisme une certaine force de vie, à savoir une philosophie religieuse et le goût de l’art oratoire.

III

Dès le temps des Flaviens, dans le dernier tiers du ier siècle, les signes de cette renaissance se manifestent. Ils se produisent en même temps que se relève la nationalité hellénique. Sans doute, l’état politique de celle-ci n’est pas changé. Mais les conditions de l’existence deviennent meilleures en Grèce et en Asie. Les provinces, protégées par les empereurs, se voient moins du