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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

ans, il s’attacha à un ermite, nommé Banous, et vécut avec lui au désert. Rentré dans le monde en l’an 53, il embrassa les principes austères des Pharisiens, qui étaient, comme il l’a dit lui-même, les Stoïciens du judaïsme, et il prit part dès lors aux affaires de son pays. À vingt-six ans, en 63, sous le règne de Néron, il fut chargé d’aller négocier à Rome la liberté de quelques prêtres juifs, qui avaient été jetés en prison pour les motifs arbitraires. Grâce à la faveur de Poppée, non seulement il réussit dans sa mission, mais il revint chez lui chargé de présents.

À ce moment, la Judée commençait à s’agiter. Joseph fut un des agents les plus actifs du conseil sacerdotal de Jérusalem, qui essayait de résister à l’entraînement du peuple, sans se compromettre auprès de lui. Envoyé en Galilée, il dut à la fois négocier et combattre, et y courut les plus grands dangers. À la fin, il fallut en venir à la guerre ouverte avec les Romains (66 ap. J.-C.). Défait par Vespasien, alors général de Néron, à Garis, assiégé par lui dans Jotapata, Joseph fut pris. Mais, s’il faut l’en croire, il eut l’art de prédire à son vainqueur sa grandeur future[1] et gagna ainsi sa bienveillance. Après la chute de Néron, Vespasien, proclamé empereur par ses troupes, emmena Joseph à Alexandrie, puis il le confia à son fils Titus, qui le ramena en Judée et le garda auprès de lui pendant tout le siège de Jérusalem. Joseph assista donc en témoin à la ruine de sa patrie (70 ap. J.-C.), après avoir essayé plusieurs fois, non sans courir de grands risques, d’amener ses concitoyens à cesser une résistance inutile. La ville une fois prise, il s’employa, nous dit-il, à sauver les livres saints et le plus grand nombre possible de prisonniers.

  1. Guerre des Juifs, l. III, ch. ix.