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FL. JOSEPH ; SA GUERRE DES JUIFS

À partir de ce moment, le rôle public de Joseph était fini. Il semble avoir vécu depuis lors à Rome, où la faveur de Vespasien, de Titus et de Domitien lui demeura constante. Vespasien lui conféra le titre de citoyen romain et lui donna, pour l’habiter, la maison qu’il occupait lui-même à Rome avant d’être empereur. En outre, il lui attribua d’importants domaines en Judée, et Domitien exempta ces terres de l’impôt foncier. Joseph dut mourir sous Trajan. Nous ignorons en quelle année exactement.

Son premier ouvrage, qui est aussi le plus estimé, fut la Guerre des Juifs, en sept livres, publié sous le règne de Vespasien. Titus en personne avait pressé l’auteur de l’écrire[1]. Joseph, comme il nous l’apprend lui-même, le composa d’abord en hébreu, et, sous cette forme, l’ouvrage se répandit en Orient ; puis, voyant que la vérité des faits était altérée par les historiens de langue grecque, il le traduisit en grec, en se faisant d’ailleurs aider dans cette tâche, comme il le déclare loyalement[2]. Après avoir rappelé dans le premier livre les événements qui mirent les Juifs en contact avec les Romains, et principalement le règne d’Hérode le Grand, l’auteur passe rapidement dans le second sur tout ce qui suivit et arrive au soulèvement de la Judée sous Néron. À partir du livre III, il fait la chronique de la guerre ; les livres V et VI, qui sont les plus dramatiques, retracent jour par jour le tableau du siège de Jérusalem ; le VIIe expose les derniers mouvements qui suivirent la victoire de Titus. Acteur d’abord dans cette guerre, puis témoin oculaire du siège, Joseph, parfaitement informé de tout, nous apprend qu’il composa son récit d’après les notes qu’il avait prises au jour le jour[3]. L’ouvrage fut offert par lui à Vespa-

  1. C. Apion, I, 9. Autobiogr., § 65. Il y mentionne (l. VII) le temple de la Paix, qui fut dédié en 75 (Dion Cass., LXXVI, 15).
  2. G. des Juifs, Préface, I ; C. Apion, I, 9.
  3. Contre Apion, I, 9 et 10.