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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

lies révèlent mieux qu’aucune réflexion le vice secret d’un art qui déshabituait les esprits de la vérité.

IV

Deux hommes, entre les représentants de la sophistique, méritent d’être étudiés ici un peu plus en détail que les autres, parce que leurs œuvres nous ont été conservées en grande partie : ce sont Ælius Aristide et Maxime de Tyr.

Publius Ælius Aristide[1], né à Adriani en Mysie, l’an 129 ap. J.-C., appartenait à une famille riche. Après avoir reçu sa première éducation à Cotyæon en Phrygie par les soins du grammairien Alexandre, dont il écrivit plus tard l’éloge funèbre (Or. XII), il étudia l’art oratoire à Pergame dans l’école d’Aristoclès, puis à Athènes auprès d’Hérode Atticus. Vers l’âge de vingt ans, il visita Rhodes, et fit un voyage de quelque durée en Égypte (Or. XLVII, Αἰγύπτιος) : il traversa tout le pays jusqu’aux frontières de l’Éthiopie, mais séjourna surtout à Alexandrie, où il fit applaudir ses premières œuvres oratoires. En 155, à la suite d’un voyage en Italie, accompli en hiver dans les plus mauvaises conditions, il fut pris d’une maladie qui le mit en grand danger et se prolongea, pendant dix-sept ans, jusqu’en 172. Il passa ce temps tantôt à Smyrne, tantôt, et plus souvent, à

  1. Biographie : Philostr., V. S., II, 9 ; Suidas, Ἀριστείδης ; Prolégom. anonymes en grec, dans l’édition de Dindorf, t. III, p. 137 ; nombreux renseignements dans ses propres écrits. — Voir en tête de l’édition de Dindorf les Collectanea de J. Masson. Consulter aussi Baumgart, Ælius Aristides als Repräsentant der sophistischen Rhetorik d. sweiten Jahrh. der Kaiserzeit, Leipzig, 1874, et l’art. de W. Schmid dans l’encyclop. de Pauly-Wissova. La chronologie de J. Masson a été contestée par Waddington (Mém. de l’Acad. des inscr. XXVI, p. 203), qui place la naissance d’Aristide douze ans plus tôt, en 117. Il y a donc doute sur quelques points.