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PHILOSOPHIE SOUS LES ANTONINS

III

Nous avons vu plus haut ce qu’était la philosophie grecque à la mort de Plutarque. Remarquable dans la direction morale, elle se montrait dans le reste sans originalité et sans puissance. Il en est à peu près de même pendant toute la fin du second siècle. Ce qu’elle offre alors d’intéressant pour l’historien de la philosophie, ce sont les premiers symptômes du mouvement néoplatonicien qui se déclarera au siècle suivant ; mais ces symptômes, indécis encore et confus, dispersés dans des œuvres perdues, se dérobent à la critique littéraire. Nous passerons donc vite sur cette littérature philosophique : elle ne doit figurer ici que pour mémoire.

La transition du platonisme proprement dit au néoplatonisme est intéressante à suivre chez les commentateurs de Platon qui se sont fait alors un nom. Les plus célèbres sont Albinos, Atticos et Théon. — Albinos, élève de Gaïus, enseignait à Smyrne vers le milieu du siècle, sous Antonin, et il y eut pour élève, en 151, le jeune Galien, qui devait s’illustrer bientôt comme médecin. Il semble avoir écrit un grand ouvrage Sur les dogmes de Platon (Περὶ τῶν Πλάτωνι ἀρεσκόντων), d’où les deux morceaux que nous possédons de lui ont été probablement détachés. L’un est un Prologue où il définit le dialogue et discute l’ordre des écrits de Platon (Ἀλβίνου εἰσαγωγὴ εἰς τοὺς Πλάτωνος διαλόγους) ; l’autre, qui nous est parvenu sous le nom altéré d’Alkinoos, offre un exposé sommaire de la philosophie du maître (Ἀλκινόου διδασκαλικὸς τῶν Πλάτωνος δογμάτων)[1]. La doctrine platonicienne y est mélangée d’éléments empruntés au péri-

  1. Ces deux morceaux se trouvent dans la plupart des éditions de Platon, notamment dans le Platon d’Hermann, t. VI (Bibl. Teubner).