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CLÉANTHE, CHRYSIPPE

talent les principes essentiels du stoïcisme[1]. Nous y reviendrons tout à l’heure.

Cléanthe mourut en 232, à quatre-vingt-dix-neuf ans, de mort volontaire[2].

À côté de Cléanthe, Ariston de Chios mérite aussi une mention[3]. Dans un passage des Silles, Timon, qui raillait la lourdeur de Cléanthe, signale au contraire celui-ci pour sa vivacité souple et diserte. Ses écrits sont mal connus. Mais deux traits se détachent dans le portrait qu’en fait Diogène : d’abord, c’est un demi-stoïcien, un hérétique, qui fonde à son tour une école distincte au Cynosarge[4] ; ensuite c’est un contempteur de la physique et de la dialectique, qu’il comparait à des toiles d’araignées, œuvres d’un art industrieux, sans doute, mais inutile[5] ; il ne s’intéressait qu’a la morale. Le scepticisme de Pyrrhon faisait donc des ravages même parmi les stoïciens.

Le successeur de Cléanthe fut Chrysippe[6], dialecticien redoutable, écrivain d’une fécondité prodigieuse, le plus grand nom du stoïcisme après Zénon.

Chrysippe était né à Soles, en Cilicie[7], vers 280 probablement[8]. Il ne connut peut-être pas Zénon, mais il fut l’élève de Cléanthe. Il semble avoir aussi fréquenté l’Académie et fait quelque infidélité à Zénon[9]. C’était

  1. Cf. Mullach, p. 151.
  2. La date de sa mort se déduit de ce fait qu’il fut 32 ans à la tête de l’école (Philodème, ibid.). Sur les circonstances de sa mort, cf. Diogène, 176.
  3. Diog. L., VII, 160-165. Cf. Susemihl, I, p. 61-66.
  4. Diog. L., 161.
  5. Id., ibid.
  6. Diog. L., Préface, 15. Cf. Strabon, XIII, p. 610.
  7. Diog. L., 179-202. Cf. Susemihl, I, p. 85 et suiv. — Suidas le fait naître à Tarse.
  8. Diog. L., VII. 184. Cf. Pseudo·Lucien, Longévité, 20.
  9. Diog. L., VII, 179 ; 183.