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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

sième. L’autre, beaucoup plus étendu, avait probablement pour titre Commentaires sceptiques (Σκεπτικά, ou Ὑπομνήματα σκεπτικά)[1]. Dans les manuscrits qui nous l’ont transmis, il est divisé en onze livres[2]. Les cinq premiers, qu’on réunit souvent sous une dénomination commune, Contre les dogmatiques (Πρὸς δογματικούς), sont une discussion complète de la philosophie dogmatique : les livres I et II traitent de la logique (Πρὸς λογικούς, Α, Β) ; les livres III et IV, de la physique (Πρὸς φυσικούς, Α, Β ; le livre V, de la morale (Πρὸς ἐθικούς) ; les six livres suivants forment ensemble le traité Contre l’enseignement des sciences (Πρὸς μαθηματικούς), et ils se divisent comme les sciences elles-mêmes : un livre contre les grammairiens (Πρὸς γραμματικούς), un contre les rhéteurs (Πρὸς ῥήτορας), un contre les géomètres (Πρὸς γεωμέτρας). un quatrième, très court, contre les arithméticiens (Πρὸς ἀριθμητικούς), un contre les astrologues (Πρὸς ἀστρολόγους), un enfin contre les musiciens (Πρὸς μουσικούς). Sextus parcourt ainsi le cycle entier des études (ἐγκύκλια μαθήματα, p. 600, l. 23 Bekker), pour ruiner toutes les disciplines l’une après l’autre. Car ce qu’il prétend démontrer, c’est que rien ne peut être enseigné.

Rien de plus fastidieux, à vrai dire, que cette démonstration d’un paradoxe toujours identique au fond, et qui n’a même pas le mérite de l’originalité. Sextus reproduit les sophismes de ses devanciers ; il ne semble pas y avoir rien ajouté. Et ces sophismes, s’ils peuvent avoir quelque intérêt pour l’historien de la philosophie

  1. Σκεπτικά est le titre donné par Suidas et par Diogène Laërce ; Sextus lui-même se sert du mot ὑπόμνημα pour désigner chacune des parties de son ouvrage. Contre les Géom., p. 721, 45 Bekker.
  2. Suidas et Diogène ne parlent que de dix livres. Sans doute le livre très court Contre les Arithméticiens était primitivement réuni au livre Contre les Géomètres.