Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/745

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
727
ORIGINES DE LA LITTÉRATURE CHRÉTIENNE

elles tendaient à substituer l’exaltation du sentiment. Ces tendances, jusqu’ici, s’étaient à peine manifestées dans la littérature ; mais elles devenaient singulièrement puissantes dans la société, et l’heure approchait où elles devaient trouver leur expression dans les productions de la pensée. Au iiie siècle, elles allaient susciter le néoplatonisme. Mais déjà, elles apparaissaient bien vivement dans la littérature chrétienne, qui commençait à attirer l’attention. Occupons-nous donc maintenant de ses premiers représentants et de leurs œuvres, pour essayer de montrer comment ils tendaient à transformer l’hellénisme, non seulement lorsqu’ils le combattaient ouvertement, mais alors même qu’ils lui faisaient de larges emprunts et mêlaient ses idées aux leurs.

VI

Ce serait sortir du cadre de cet ouvrage que de reprendre ici l’histoire de la littérature grecque chrétienne à ses commencements, pour en suivre toute l’évolution. Cette histoire, pour peu qu’on voulût entrer dans les questions essentielles qu’elle soulève, formerait à elle seule la matière d’un gros livre[1]. D’ailleurs, nous ne nous oc-

  1. Parmi les ouvrages généraux qui traitent de ce sujet, les plus autorisés aujourd’hui sont : J. Donaldson, A critical history of Christian literature and doctrine from the death of the apostles to the Nicene council, Londres, 1866 ; Krüger, Geschichte der altchristlichen Litteratur in den ersten drei Jahrhunderten, Friburg et Leipzig, 1895 ; Harnack, Geschichte des altchristlichen Literatur bis Eusebius, 3 vol. parus, Leipzig, 1893-1897 ; Bardenhewer, Patrologie, Freiburg, 1894 ; P. Batiffol, Anciennes littératures chrétiennes, Littérature grecque, Paris, 1897. Il faut ajouter Renan, Les Apôtres, S. Paul, l’Antéchrist, les Évangiles, l’Église chrétienne, Marc-Aurèle, série d’ouvrages qui étudient plutôt le développement du christianisme que celui de sa littérature, mais où la littérature chrétienne primitive tient naturellement une grande place.